Edmundo González Urrutia ne s'est pas présenté à la troisième convocation de la fiscalité chaviste malgré les menaces d'arrestation.

Publié le 30.08.2024
L'opposant vénézuélien Edmundo González Urrutia lors d'un acte de campagne (EFE/Archives)

Le Ministère Public (MP, Procureur Général) du régime de Nicolás Maduro avait convoqué pour la troisième fois González Urrutia pour ce vendredi à 10h00 (heure locale), afin qu'il explique sa présumée implication dans des crimes d'usurpation de fonctions, falsification de documents, incitation à la désobéissance, cybercriminalité, association de malfaiteurs et complot. En cas de non-présentation, le MP avait déjà averti qu'il considérerait qu'il y avait “risque de fuite” et “risque d'obstruction” des enquêtes.

La dirigeante opposante María Corina Machado avait déjà avancé jeudi que, malgré la menace explicite, “bien sûr” González Urrutia ne se présenterait pas et resterait “préservé”. Lors d'une conférence de presse avec des médias espagnols, Machado a dénoncé que le Venezuela vit sous un système “totalitaire” et a exprimé sa crainte que les forces chavistes puissent fouiller le domicile de l'ex-diplomate.

L'opposition a diffusé des documents pour prouver que González Urrutia était celui qui avait réellement remporté le rendez-vous du 28 juillet, au détriment de Nicolás Maduro, soutenu par le Conseil National Électoral (CNE) ainsi que par la Cour Suprême de Justice (TSJ) - deux organes contrôlés par le chavisme.

L'ancien ambassadeur de 75 ans a déjà ignoré deux convocations précédentes cette semaine, considérant que le Ministère Public agit comme un “accusateur politique” qui le soumettrait à un processus “sans garanties d'indépendance et de due process”.

González Urrutia est en clandestinité depuis le 30 juillet lorsqu'il est apparu pour la dernière fois en public. Depuis, il ne communique que par le biais des réseaux sociaux.

González Urrutia tient des procès-verbaux électoraux (REUTERS/Gaby Oraa)

La convocation, tout comme les autres, ne précise pas en qualité de quoi il a été convoqué : imputé, témoin ou expert, selon la loi vénézuélienne. Elle indique qu'il doit “rendre une interview en relation aux faits que ce bureau enquête” pour la présumée commission de “usurpation de fonctions” et “falsification de document public”, des crimes qui peuvent théoriquement entraîner une peine maximale de 30 ans de prison.

Le nouvel appel à témoigner est centré sur le site web où l'opposition a publié des copies de plus de 80% des procès-verbaux de vote, qui prouvent selon elle la victoire de González Urrutia le 28 juillet et la fraude de Maduro.

La publication des procès-verbaux “n'était pas de la responsabilité d'Edmundo González Urrutia”, a déclaré pour sa part la plateforme opposante Unitaire Démocratique (PUD) dans un communiqué. “Numériser et protéger les procès-verbaux de dépouillement qui nous reviennent de droit n'est pas un délit.”

Les documents ont été rejetés par le chavisme et la Cour Suprême a ordonné une enquête après avoir validé le résultat officiel du CNE, qui a proclamé Maduro vainqueur avec 52% des voix. Mais n'a pas publié le détail du dépouillement bureau par bureau comme l'exige la loi.

Les États-Unis et plusieurs pays d'Amérique Latine ne reconnaissent pas non plus la victoire de Maduro, qui a renforcé son cabinet avec Diosdado Cabello, de l'aile la plus dure du chavisme, comme ministre de l'Intérieur.

María Corina Machado et Edmundo González Urrutia lors d'une protestation contre les résultats officiels des élections (AP Photo/Matias Delacroix, Archives)

Maduro a demandé la prison pour González Urrutia et pour Machado. Il les tient responsables des actes de violence lors des manifestations post-électorales, qui ont enregistré 27 morts, près de 200 blessés et plus de 2.400 détenus, une centaine d'entre eux mineurs dont 16 ont été remis en liberté conditionnelle jeudi.

Le procureur général du régime, Tarek William Saab, avait déjà annoncé une enquête pénale contre les deux pour “incitation à l'insurrection”, après un appel aux militaires vénézuéliens à reconnaître leur victoire.

(Avec des informations d'AFP et EuropaPress)