Fraude au Venezuela : le parquet chaviste enverra une troisième citation à Edmundo González Urrutia.

Publié le 29.08.2024
Le procureur général du Venezuela, Tarek William Saab, parle ce mercredi à Caracas (Venezuela). EFE/ Miguel Gutiérrez

Le procureur général du Venezuela, le chaviste Tarek William Saab, a déclaré mercredi qu'il enverrait une troisième citation à l'ancien candidat présidentiel de l'opposition, Edmundo González Urrutia, afin qu'il réponde à la publication de données électorales sur un site web que les autorités considèrent comme une “usurpation de fonctions”.

“Une nouvelle citation sera émise”, a déclaré Saab aux journalistes sans préciser la nouvelle date.

En cas de nouvelle infraction, “le Ministère Public annoncera en temps voulu l'action appropriée conformément à la loi”, a-t-il poursuivi.

González Urrutia, âgé de 74 ans et en clandestinité depuis le 30 juillet, a ignoré les convocations de lundi et mardi, arguant d'un manque de “garanties” dans le processus engagé, après que l'opposition a publié sur un site web les procès-verbaux prouvant sa victoire.

Les premières convocations l'invitent à “préparer un entretien” dans le cadre d'une enquête pour les crimes de “usurpation de fonctions, falsification de document public, incitation à la désobéissance aux lois, crimes informatiques, association de malfaiteurs et conspiration”.

Photographie d'archive d'Edmundo González Urrutia (EFE/ Rayner Peña)

Augmentation de la répression au Venezuela

D'autre part, la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH) a dénoncé ce mercredi une augmentation de la répression au Venezuela, suite aux élections présidentielles du 28 juillet, contestées par une grande partie de la communauté internationale.

La présidente de la CIDH, Roberta Clarke, a présenté un rapport lors d'un Conseil Permanent de l'Organisation des États Américains (OEA) qui s'est tenu à Washington sur la situation des droits de l'homme dans le pays caribéen.

Cette réunion a été convoquée à la demande de l'Argentine, du Canada, du Chili, du Costa Rica, de la République Dominicaine, de l'Équateur, du Guatemala, du Panama, du Paraguay, du Pérou, des États-Unis et de l'Uruguay.

Clarke a dénoncé dans ce rapport, qui n'a pas été élaboré sur le terrain, que la répression survenue après les élections présidentielles, lorsque Nicolás Maduro a été proclamé de manière frauduleuse vainqueur par les autorités électorales, “révèle des schémas déjà observés par la CIDH lors des manifestations de 2014 et 2017”.

La CIDH a déclaré avoir observé un “usage arbitraire de la force” qui a causé au moins 23 morts et des dizaines de blessés, ainsi que des détentions arbitraires et des disparitions forcées, avec l'arrestation de plus de 1 600 personnes, dont une centaine de mineurs.

“Harcèlement contre des personnes perçues comme opposantes, censure et restrictions aux libertés d'expression, d'association et de réunion”, a ajouté l'avocate barbadienne.

Après la présentation du rapport, les pays ayant convoqué la réunion sont intervenus.

Les autres pays, comme Brésil, Mexique ou Colombie, qui ont adopté une position plus médiatrice avec Caracas, ont décidé de ne pas prendre la parole.

Dans ce tour de parole, l'ambassadeur du Paraguay auprès de l'OEA, Raúl Florentín, a affirmé “que ces graves dénonciations ne peuvent être ignorées par la communauté internationale”.

Le secrétaire général de l'OEA, Luis Almagro, a réitéré sa demande à la Cour Pénale Internationale (CPI) d'imputer des charges et des ordres d'arrestation contre “les principaux responsables” gouvernementaux du Venezuela, y compris Maduro.

“Le chemin de la justice internationale est un chemin sur lequel nous continuerons à insister”, a-t-il averti.

Le Conseil Permanent de l'OEA a approuvé il y a deux semaines par consensus une résolution exigeant des autorités vénézuéliennes la publication “de manière expéditive” des procès-verbaux des élections.

Venezuela ne fait pas partie de l'OEA, le régime chaviste ayant décidé de se retirer de l'organisme en 2017, estimant que l'organisation basée à Washington s'ingérait dans ses affaires internes. Son retrait est devenu effectif en 2019.

(Avec des informations de Reuters et AFP)