La CIDH a demandé de maintenir la pression sur le régime de Nicolás Maduro : "Ce ne sera que trop tard quand il y aura le silence".

Publié le 25.08.2024
Nicolás Maduro parle avec Elvis Amoroso, rector du Conseil National Électoral, tout en tenant sa crédential en tant que vainqueur des élections présidentielles (REUTERS/Leonardo Fernández Viloria)

La Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH) reste ferme dans sa condamnation du processus électoral au Venezuela et demande à la communauté internationale de ne pas relâcher la pression : “Ce ne sera que trop tard quand il y aura silence”, déclare à l'agence de presse EFE la rapporteuse de l'organisme pour ce pays, Gloria Monique de Mees.

“Le moment où il y aura silence de la part de la communauté internationale, de la part des pays du système interaméricain, sera trop tard”. Pendant ce temps, elle plaide dans une interview téléphonique, “il y a de l'espoir”.

Avec son avis, elle a dit conclure de manière “inéquivoque” la révision des élections à un moment où le Conseil National Électoral (CNE) n'a pas encore publié les résultats désagrégés, malgré ce qui est stipulé dans le calendrier élaboré par l'organe superviseur.

La leader de l'opposition vénézuélienne María Corina Machado avec le candidat du plus grand bloc d'opposition, la Plateforme Unitaire Démocratique (PUD), Edmundo González, lors d'une manifestation à Caracas (EFE/Ronald Peña R.)

La rapporteuse de la CIDH condamne la validité et l'intégrité de cet avis. “En premier lieu parce que la validation des résultats électoraux est en dehors de son mandat et de sa juridiction”, souligne De Mees, qui a pris ses fonctions en janvier pour un mandat de quatre ans.

Son organisation avait déjà réclamé par le passé la restauration urgente de l'ordre démocratique et de l'État de droit au Venezuela ou l'accès à l'information publique électorale par la diffusion de la totalité des procès-verbaux, entre autres exigences.

Ne pas publier les procès-verbaux, selon elle, “est un signe clair” qu'on essaie de “consolider le pouvoir du régime”.

“La reconnaissance ou le non-reconnaissance est une décision politique souveraine de chaque pays. La commission ne va pas se prononcer là-dessus”, indique De Mees, originaire du Suriname et qui a conseillé au niveau national sur le Système Interaméricain des Droits de l'Homme ou sur la législation et les politiques.

La question de savoir ce que l'on peut faire d'autre concernant la situation au Venezuela, ajoute l'experte, “est dans l'esprit de tous”.

Nicolás Maduro

En plus de la présentation des procès-verbaux, la CIDH, un organe principal et autonome de l'Organisation des États Américains (OEA), plaide pour continuer à surveiller la situation sur le terrain et pour intensifier l'engagement avec les défenseurs des droits de l'homme là-bas et les organisations de la société civile.

La CIDH n'a pas l'autorité ou le mandat de demander une répétition des élections. Cela ne retire pas, souligne De Mees, qu'elle a été “très claire” dans ses attentes concernant le respect des droits politiques des Vénézuéliens.

D'un point de vue personnel, elle dit avoir de l'espoir et croit que ce message parviendra aux Vénézuéliens.

Nous devons projeter et exprimer à la population vénézuélienne que nous avons de l'espoir et que la commission maintiendra son mandat de surveillance”, affirme également professeur de droits de l'homme à l'Université Anton de Kom du Suriname.

De Mees considère que les problèmes structurels du Venezuela se sont aggravés, “non seulement en volume mais en termes de terreur qui se perpétue”, et réitère sa demande que la communauté internationale cesse de le dénoncer.

Que ce soit au niveau bilatéral ou multilatéral par le biais de canaux diplomatiques, “les actions de la communauté internationale peuvent avoir un grand impact”, conclut l'experte, soulignant que la CIDH ne relâchera pas ses efforts pour obtenir la restauration au Venezuela “de l'institutionnalité démocratique et de l'État de droit”.

(Avec des informations de EFE)