Les anciens dirigeants du groupe IDEA ont dénoncé Nicolás Maduro devant le Parquet de la Cour Pénale Internationale.

Publié le 06.09.2024
Policiers vénézuéliens attendent des ordres près d'une affiche publicitaire de la campagne de Maduro à Caracas (REUTERS/Alexandre Meneghini/Archive)

L'ancien président colombien Andrés Pastrana a présenté ce vendredi un rapport juridique au nom d'une trentaine d'anciens chefs d'État ibéro-américains devant la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI) pour dénoncer des “violations généralisées et systématiques des droits de l'homme”, y compris des “crimes contre l'humanité”, du régime vénézuélien de Nicolás Maduro, et ont demandé qu'elle agisse “avec urgence”.

Les signataires ont assuré devant la procureure que “les faits antérieurs et postérieurs aux élections présidentielles du 28 juillet dernier au Venezuela” constituent une “pratique de terrorisme d'État”, selon un communiqué des plaignants, parmi lesquels figurent également les Espagnols Felipe González, José María Aznar et Mariano Rajoy; ainsi que les Colombiens Álvaro Uribe et Iván Duque; l'Argentin Mauricio Macri; le Mexicain Vicente Fox ou le Bolivien Carlos Mesa.

Dans ce sens, ils ont signalé que “les crimes contre l'humanité qui ont été commis et continuent d'être commis en continuité, y compris le récent mandat d'arrêt contre le véritable président élu, Edmundo González Urrutia, sont l'œuvre d'une structure militaire opérationnelle dont la chaîne de commandement est exercée directement par Nicolás Maduro Moros.”

Présenté par Pastrana, le rapport juridique contre le dictateur du Venezuela est soutenu par 31 membres de Démocratique Initiative d'Espagne et des Amériques (IDEA-Démocratique), un forum composé d'anciens chefs d'État et de gouvernement, a précisé cette organisation.

Le groupe IDEA a déclaré que “les crimes contre l

Les ex-chefs d'État demandent à la CPI de “prendre conscience de la responsabilité qui incombe au président Maduro dans tous les actes criminels qui sont commis”, a expliqué à l'agence de presse EFE l'avocat pénaliste espagnol Blas Jesús Imbroda, qui a accompagné Pastrana lors de la remise du rapport juridique, avec l'ancien ambassadeur vénézuélien Víctor Rodríguez Cedeño, négociateur du Statut de Rome de la CPI.

En six pages, le rapport explique juridiquement que “Maduro est le commandant en chef, il est la tête, le sommet du pouvoir, puisque en plus d'être président du gouvernement, il est le commandant en chef. C'est là que fonctionne ce que l'on appelle le Commandement stratégique opérationnel, qu'il dirige et qui met en œuvre la politique de terrorisme d'État au Venezuela”, a déclaré Imbroda.

Cette dénonciation, qui s'étend aux membres du régime vénézuélien pour être le soutien fondamental du régime de Maduro, s'ajoute à la cause ouverte contre le Venezuela devant la CPI.

“Ce régime militaire actuellement au pouvoir et remplaçant la république civile est le véritable propriétaire des pouvoirs de l'État et des richesses économiques, et responsable, en tant que dictature militaire répressive et terroriste, des crimes enquêtés par la Cour, recréant au Venezuela l'expérience tragique des dictatures militaires du cône sud latino-américain”, ont affirmé les ex-chefs d'État.

Des membres de la Police nationale bolivarienne (PNB) affrontent des manifestants lors d'une protestation contre les résultats des élections présidentielles, à Caracas (EFE/Ronald Peña R.)

En novembre 2021, la procureure de la CPI a ouvert une enquête formelle contre le Venezuela après avoir examiné les dénonciations du Pérou, de l'Argentine, du Canada, de la Colombie, du Chili et du Paraguay, affirmant que des crimes contre l'humanité avaient été commis dans le pays depuis le 12 février 2014.

Le bureau du procureur, qui n'a pas voulu faire de commentaires pour sauvegarder la “confidentialité” de la procédure, a déclaré en août qu'il surveillait “activement” la situation au Venezuela après les élections présidentielles qui se sont tenues en juillet, que Maduro affirme avoir remportées et que la communauté internationale n'a pas reconnues en raison de son incapacité à voir les procès-verbaux.

Dans une note diffusée alors aux médias, le procureur a assuré avoir reçu “de multiples rapports de cas de violence et d'autres dénonciations après les élections” et a invité toute “personne et organisation” pouvant avoir “des informations qui pourraient être pertinentes” pour l'enquête en cours à les présenter.

De plus, le procureur Karim Khan a indiqué que son département “a engagé un dialogue avec le gouvernement du Venezuela au plus haut niveau pour souligner l'importance de garantir le respect de l'état de droit à l'heure actuelle et d'insister sur le fait que toutes les personnes doivent être protégées contre des violations pouvant constituer des crimes au regard du Statut de Rome”.

L'enquête ouverte à la CPI est menée contre le Venezuela et non contre un haut responsable du pays latino-américain.

(Avec des informations de EFE)