Luis Almagro a averti que la Cour suprême et le Conseil électoral du Venezuela ont agi avec une "totale opacité".

Publié le 24.08.2024
Le secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA), Luis Almagro (Photo : EFE/Lenin Nolly)

Le secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA), Luis Almagro, a rejeté ce vendredi la décision du Tribunal suprême de justice du Venezuela (TSJ) qui a confirmé la victoire de Nicolás Maduro lors des élections présidentielles du 28 juillet et a déclaré que le TSJ et l'entité électorale ont agi avec “une totale opacité”.

Almagro a exprimé son “profound rejet” à la décision de la justice vénézuélienne en arguant dans un communiqué que les autorités électorales “ont proclamé Maduro de manière précipitée”.

Également “sur la base d'un bulletin partiel émis oralement, avec des chiffres qui témoignaient d'impossibilités mathématiques et sans présenter les résultats décomposés”.

Pour Almagro, les autorités électorales et le TSJ ont agi avec “une totale opacité” et avec un comportement qui “s'est caractérisé par la promotion de théories du complot et la diffusion d'annonces et de déclarations sans aucun soutien documentaire”.

Le Conseil permanent de l'OEA a approuvé il y a juste une semaine par consensus une résolution exigeant des autorités vénézuéliennes la publication “de manière expéditive” des procès-verbaux des élections.

Le Venezuela ne fait pas partie de l'OEA puisque le régime chaviste de Nicolás Maduro a décidé de se retirer de l'organisme en 2017 (retrait qui est devenu effectif en 2019) en raison de ce qu'il considérait comme une ingérence de l'organisation, dont le siège est à Washington, dans ses affaires internes.

Le gouvernement des États-Unis s'est également exprimé ce vendredi sur la décision du TSJ du Venezuela, affirmant que “elle manque de toute crédibilité” étant donné la “preuve accablante” que le candidat de l'opposition Edmundo González Urrutia a reçu la majorité des voix.

Le Tribunal suprême de justice, contrôlé par des magistrats proches du chavisme, a confirmé jeudi que les résultats contestés des élections du 28 juillet lui avaient donné la victoire sur son opposant González Urrutia.

Son jugement, par lequel cette cour conclut de manière “inequivocablement et sans restrictions” la révision des élections, intervient 22 jours après que Maduro lui-même ait demandé ce processus.

“Complicité avec la fraude”

Pour sa part, la leader de l'opposition vénézuélienne María Corina Machado a estimé ce vendredi que le soutien du TSJ à la victoire de Maduro montre la “complicité” des juges avec le “fraude” et “enfonce davantage” le leader chaviste, dont le triomphe n'est pas reconnu par de nombreux pays.

L'opposante vénézuélienne María Corina Machado a dirigé une marche à Caracas le 17 août 2024 (REUTERS/Maxwell Briceno)

“Encore une fois, le régime s'est trompé : ce que le TSJ a statué était sa complicité avec la fraude du (Conseil national électoral) CNE. Au lieu de ‘clore le dossier’, ils ont accéléré le processus qui isole et enfonce de plus en plus Maduro”, a exprimé sur X l'ancienne députée, principal soutien de González Urrutia, le candidat de la coalition d'opposition Plataforma Unitaria Democrática (PUD).

L'anticraviste s'est ainsi manifesté en référence au rejet que 11 pays de la région latino-américaine ont exprimé, par le biais d'un communiqué commun, à la ratification par le TSJ de la victoire de Maduro, annoncée dans la nuit du 28 juillet par le CNE, qui n'a pas encore publié les résultats décomposés des élections, comme le prévoit le calendrier établi par l'entité régulatrice des élections.

Argentine, Costa Rica, Chili, Équateur, États-Unis, Guatemala, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine et Uruguay ont rejeté “catégoriquement l'annonce du TSJ” qui “a indiqué avoir conclu une soi-disant vérification” et qui “prétend valider les résultats sans fondement”, d'autant plus que la PUD a publié des données qui - affirme - confirment la victoire de González Urrutia.

Le groupe de pays a rappelé que la Mission internationale indépendante de détermination des faits pour le Venezuela a alerté sur la “manque d'indépendance et d'impartialité des deux institutions, tant du CNE que du TSJ”. Ils ont également souligné qu'ils insisteront sur “le respect de l'expression souveraine du peuple vénézuélien” qui s'est exprimé “de manière pacifique et percutante” lors des élections.

De plus, les 11 gouvernements ont exprimé leur “profound préoccupation et rejet” pour ce qu'ils considèrent comme “des violations des droits de l'homme perpétrées contre les citoyens qui réclament pacifiquement le respect du vote des citoyens et le rétablissement de la démocratie”. Ils se sont ainsi référés aux plus de 2 400 arrestations que le régime dit avoir eu lieu lors des manifestations citoyennes contre le résultat des élections exprimé par le CNE.

(Avec des informations de EFE)