L'OEA aborde les crimes contre l'humanité de Maduro lors d'une session qui n'est pas soutenue par le Brésil, le Mexique et la Colombie.

Publié le 28.08.2024
Répression au Venezuela (AFP)

(Depuis Washington, États-Unis) L'Organisation des États américains (OEA) analyse aujourd'hui les crimes contre l'humanité ordonnés par Nicolás Maduro pour se maintenir au pouvoir, après avoir commis une fraude électorale historique destinée à empêcher que la coalition dirigée par Edmundo González Urrutia et María Corina Machado ne récupère la démocratie au Venezuela.

La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) présentera lors d'une session extraordinaire du Conseil permanent de l'OEA un rapport minutieux sur les meurtres, viols, tortures et persécutions de la presse exécutés par l'appareil répressif qui protège le régime populiste.

La session extraordinaire du Conseil permanent a été demandée par Paraguay ainsi que par les représentations de l'Argentine, du Canada, du Chili, du Costa Rica, de l'Équateur, des États-Unis, de la République dominicaine, du Panama, du Pérou et de l'Uruguay.

Cela se produira quelques heures avant la marche de l'opposition convocada par María Corina Machado et González Urrutia. Ce sera un événement politique qui mettra en échec le gouvernement autoritaire de Maduro, qui a désigné hier Diosdado Cabello comme ministre de l'Intérieur et de la Justice.

Diosdado Cabello, aux côtés du ministre Vladimir Padrino, est le symbole politique de la répression illégale au Venezuela.

Nicolas Maduro et Diosdado Cabello lors d'un acte officiel à Caracas (Venezuela)

La session extraordinaire du Conseil permanent n'a pas été soutenue par le Brésil, le Mexique et la Colombie. Ces trois pays s'opposent à condamner le régime de Maduro, et ont déjà exhibé leur position antagoniste face au rapport de la CIDH.

Il y a quelques jours, ils ont exigé qu'on retire des fondements d'un projet de résolution la mention de ce dossier de la CIDH, et maintenant ils agissent avec une extrême prudence diplomatique face à des faits atroces et aberrants qui ont déjà été dénoncés par le Centre Carter, l'ONU, l'Union européenne et même l'OEA elle-même.

Les positions antagonistes entre les pays qui condamnent Maduro et les États membres qui agissent avec une prudence préméditée exhibent la fracture tacite au sein de l'OEA.

Le forum a un bloc dirigé par les États-Unis avec le Canada, le Paraguay, l'Argentine et l'Uruguay, tandis que de l'autre côté du scénario multilatéral se trouve une entente composée de le Brésil, le Mexique, la Colombie et certaines îles des Caraïbes qui achètent du pétrole à bas prix au Venezuela.

Après les élections frauduleuses au Venezuela, Maduro a lancé un plan répressif contre l'opposition dirigée par Edmundo González Urrutia et María Corina Machado

L'exposé de la CIDH et de la Rapporteur spéciale pour la liberté d'expression (RELE) s'appuiera sur un exhaustif rapport qui révèle les crimes systématiques contre l'humanité que Maduro a ordonnés et que son appareil répressif a exécutés.

Ce document officiel, publié le 15 août, sera complété par les informations liées à la décision irrégulière du Tribunal supérieur de justice et aux actes répressifs des derniers jours.

“Entre le 28 et le 30 juillet, des plaintes d'abus de la force publique contre les manifestations ont été enregistrées. La violence a entraîné la mort d'au moins 23 personnes. Des informations préliminaires indiquent que les victimes étaient des hommes âgés de 15 à 56 ans, la plupart venant de zones populaires du pays. De plus, toutes seraient mortes à la suite de tirs d'armes à feu, certains dans le dos ou à la tête”, affirme le rapport intitulé Usage arbitraire de la force.

Ensuite, dans le chapitre relatif à Les détentions arbitraires et les disparitions forcées, la présentation assure : “La CIDH a reçu des informations sur un schéma de violations de la liberté personnelle. Entre le 28 juillet et le 13 août, des organisations de la société civile ont enregistré au moins 1.393 personnes détenues, dont 182 femmes ; 117 adolescents ; 17 personnes en situation de handicap, 14 personnes autochtones et 7 journalistes et travailleurs de la presse. Des rapports de détentions arbitraires ; disparitions forcées de courte durée dans lesquelles des actes de violence sexuelle contre des femmes auraient été commis, ainsi que d'autres actes susceptibles de constituer de la torture. Les personnes détenues sont transférées secrètement vers des centres de détention, sans que leurs familles soient informées de leur situation ou de leur état physique.”

Le dossier du forum régional fait également référence à la disparition de la liberté de la presse dans les mains des groupes de travail qui répondent aux ordres de Maduro. Il s'agit d'un chapitre clé qui permet de comprendre comment fonctionne le régime populiste :

“La RELE (Rapporteur spéciale pour la liberté d'expression) a reçu des informations sur l'escalade répressive et les attaques systématiques dirigées contre des journalistes, des médias de communication et des citoyens qui diffusent des informations d'intérêt public d'une importance particulière dans le contexte postélectoral. Depuis le 28 juillet, environ 108 cas de violations de la liberté d'expression ont été enregistrés, comprenant la détention arbitraire de journalistes et de travailleurs de la presse sous des accusations sans fondement de 'provocation à la haine' et de 'terrorisme', l'annulation de passeports, la fermeture de médias, la confiscation de matériel et la déportation de personnel de presse international”, révèle la présentation élaborée par la CIDH.

Après les élections frauduleuses au Venezuela, Maduro a lancé un plan répressif contre l'opposition qui revendique la victoire de la coalition électorale dirigée par Edmundo González Urrutia et María Corina Machado

La session extraordinaire sera informative. Les votes ne sont pas garantis pour transformer le dossier de la CIDH en un projet de résolution qui condamne les crimes contre l'humanité commis par la dictature vénézuélienne.

Le pétrole de Maduro influence encore l'OEA.