L'opposition vénézuélienne a dénoncé la persécution politique contre Edmundo González Urrutia suite à la convocation du parquet chaviste.

Publié le 30.08.2024
La Plataforma Unitaria Democrática a dénoncé la persécution politique contre González Urrutia après la citation de la Procureure chaviste (EFE/ Rayner Peña R)

La Plataforma Unitaria Democrática (PUD), le plus grand bloc d'opposition au Venezuela, a dénoncé ce jeudi la persécution politique contre son candidat à la présidence, Edmundo González Urrutia, après que la Procureure du régime de Nicolás Maduro l'ait cité pour la troisième fois à comparaître devant le ministère public (MP), dans le cadre d'une enquête liée à la dénonciation de fraude électorale présentée par la coalition d'opposition après les élections du 28 juillet.

La PUD a catégoriquement rejeté la manœuvre du procureur général imposé par la dictature maduriste, Tarek William Saab, de transformer en délit “la légitime revendication selon laquelle les résultats officiels du Conseil National Électoral (CNE) correspondent à la volonté exprimée par le peuple vénézuélien”. La coalition affirme que González Urrutia a obtenu une victoire “écrasante” aux élections, malgré les manipulations du régime.

Le MP enquête sur le site web sur lequel la PUD a publié “83,5 % des procès-verbaux” électoraux, collectés par ses témoins et membres de bureau, pour étayer la dénonciation de fraude.

Le régime, cependant, a qualifié ces documents de “faux” et a accusé González Urrutia de plusieurs délits, y compris d'usurpation de fonctions, falsification de documents publics, incitation à la désobéissance des lois, délits informatiques, association de malfaiteurs et conspiration.

Face à ces accusations, la coalition d'opposition a défendu la légitimité des procès-verbaux publiés, affirmant qu'ils avaient été “délivrés par les machines du CNE” et obtenus conformément à la réglementation en vigueur. De plus, elle a souligné que “numériser et protéger les procès-verbaux de dépouillement” est un droit et que leur publication pour vérification citoyenne ne constitue aucun délit.

La plus grande coalition d'opposition du Venezuela a rejeté la manœuvre du procureur général imposé par la dictature, Tarek William Saab, de transformer en délit “la légitime revendication selon laquelle les résultats officiels correspondent à la volonté exprimée par le peuple” (EFE/ Henry Chirinos)

L'ancien ambassadeur González Urrutia a dénoncé le fait que le MP veut le soumettre à “un entretien sans préciser dans quelles conditions on attend qu'il comparaître”, et a accusé Tarek William Saab d'agir comme un “accusateur politique” qui pousse à des citations sans garanties d'indépendance ni de procédure régulière.

Saab, pour sa part, a averti que si González Urrutia ne se présente pas à la citation, un mandat d'arrêt sera émis contre lui sous prétexte de danger de fuite.

Vague répressive

Entre-temps, la leader de l'opposition vénézuélienne María Corina Machado a dénoncé ce jeudi la “vague répressive” que traverse le pays et a appelé la communauté internationale à réagir en reconnaissant la victoire d'Edmundo González Urrutia comme président élu, dans un “nouveau pas” que elle espère que l'Espagne prendra en Europe.

Nous avons besoin de l'Europe avec nous et Maduro doit savoir que le monde ne tournera pas la page - a-t-elle ajouté - Les pays qui ont un interlocuteur avec Maduro peuvent faire beaucoup.”

“Je voudrais voir l'Espagne mener en Europe la reconnaissance d'Edmundo González comme président élu”, a-t-elle déclaré.

Le prochain perquisition peut être celle de la maison d'Edmundo González”, a averti la leader, en référence aux trois citations de la Procureure vénézuélienne au candidat à la présidence.

María Corina Machado a dénoncé la “vague répressive” que traverse le pays et a appelé la communauté internationale à réagir en reconnaissant la victoire d'Edmundo González Urrutia comme président élu (REUTERS/Maxwell Briceno)

“Que se passera-t-il alors ?”, s'est interrogée l'opposante lors d'une conférence de presse virtuelle avec des médias espagnols, et a estimé “urgent” que le monde reconnaisse González comme prochain président, tout en exprimant l'espoir que l'Espagne joue un rôle central à cet égard.

Machado a mentionné les dernières arrestations de personnes proches de la coalition d'opposition, qui s'ajoutent aux plus de 2 400 personnes qui ont été arrêtées au cours du dernier mois.

En ce sens, Machado pense que la nomination de Diosdado Cabello comme nouveau responsable de l'Intérieur au Venezuela est “un signal interne qui vise à semer la terreur, mais qui n'intimidera pas le pays”.

Le leader chaviste Nicolás Maduro, “doit savoir que cette boucherie a un coût” et que l'utilisation de la violence “le délegitimer”, selon Machado.

”Maduro pense que le monde tournera la page parce qu'un autre conflit surviendra et on oubliera le Venezuela - a-t-elle déclaré - mais cela ne va pas se produire parce que la lutte des Vénézuéliens est devenue une lutte internationale et, de plus, c'est un problème interne pour de nombreux pays car les réseaux de narcotrafiquants ont un sanctuaire au Venezuela.”

À son avis, le Venezuela a besoin d'une solution “urgent” car, “en plus de ce que suppose la répression”, l'économie du pays “se détériore rapidement” et “l'émigration est hors de contrôle”.

Machado pense que la nomination de Diosdado Cabello comme nouveau responsable de l'Intérieur au Venezuela est “un signal interne qui vise à semer la terreur, mais qui n'intimidera pas le pays” (EFE/ Manuel Díaz)

Le bloc d'opposition croit “en la nécessité d'une transition et est prêt à négocier, en partant de la base des résultats électoraux, mais le régime ne donne aucun signe qu'il veuille le faire”, selon Machado.

Pour cette raison, “il faut maintenir la pression interne et externe” et, à cet égard, “la communauté internationale a un rôle essentiel”.

(Avec des informations d'EFE)