Andrés Pastrana a lancé une pique à Petro et Lula da Silva : “Ils ont perdu l'occasion de passer à l'histoire comme des démocrates.”

Publié le 15.08.2024
L'ancien président Andrés Pastrana a commenté la situation électorale dans le régime vénézuélien face aux positions des présidents Gustavo Petro et Lula da Silva - crédit Présidence - EFE

L'ancien président colombien Andrés Pastrana a fortement critiqué les dirigeants de Colombie et du Brésil, Gustavo Petro et Luiz Inácio Lula da Silva, respectivement, pour leur "soutien" à Nicolás Maduro après les élections présidentielles du Venezuela, qui se sont tenues le 28 juillet 2024. Dans une publication sur les réseaux sociaux, l'ex-mandataire a accusé les présidents de gauche de "perdre l'occasion de passer à l'histoire en tant que démocrates" en soutenant ce qu'il considère être un coup d'État dans le pays voisin, au lieu de respecter la volonté populaire.

Pastrana a argué que le soutien à Maduro contredit les principes démocratiques et ne reflète pas un engagement sincère envers la démocratie. Ce commentaire intervient dans un contexte de tensions politiques croissantes en Amérique latine, où la position des dirigeants internationaux sur la crise vénézuélienne reste un sujet brûlant.

L'ancien président colombien a souligné sur son compte X que la démocratie se respecte lorsque la volonté du peuple est soutenue et que la consolidation de régimes autoritaires n'est pas autorisée. La critique de Pastrana met en lumière les divisions régionales sur la manière d'aborder la crise au Venezuela et les défis auxquels sont confrontés les pays voisins face à l'influence du régime de Maduro.

“@petrogustavo et @LulaOficial ont perdu l'occasion de passer à l'histoire en tant que démocrates en méconnaissant la volonté populaire en soutenant le coup d'État de @NicolasMaduro au #Venezuela. #Lademocraciaserespeta”, peut-on lire dans le post de Pastrana.

Le soutien de Gustavo Petro et Luiz Inácio Lula da Silva à Nicolás Maduro a été critiqué par l'ancien président colombien Andrés Pastrana - crédit @AndresPastrana_/X

La victoire de Maduro aux élections présidentielles du Venezuela, pour la troisième fois consécutive, a marqué un point critique dans la politique régionale. Ce triomphe, qui a relégué l'opposant Edmundo González au second plan, n'est pas passé inaperçu aux yeux de la communauté internationale, car depuis lors, il suscite des réactions variées et des discussions animées sur la direction politique du pays voisin.

Les présidents du Brésil et de Colombie, Luiz Inácio Lula da Silva et Gustavo Petro, respectivement, se sont distingués parmi les figures internationales qui ont réagi au résultat électoral. Ils ont proposé une initiative peu conventionnelle sur le plan diplomatique : convoquer de nouvelles élections présidentielles comme moyen de restaurer la stabilité au Venezuela.

Dans ce contexte, l'intervention de l'ancien président a ajouté une couche supplémentaire de complexité au débat. Pastrana, connu pour sa position critique envers le régime vénézuélien, a rejeté les positions des dirigeants de gauche.

La proposition de Lula et Petro : deux options sur la table

Lors d'une interview avec Rádio T à Curitiba (Brésil), Lula da Silva a évoqué deux voies possibles pour résoudre la crise politique vénézuélienne. La première consiste à former un gouvernement de coalition incluant à la fois des chavistes et des opposants, dans le but de parvenir à une forme de réconciliation nationale qui permette un État plus équilibré et représentatif.

La deuxième option, considérée par beaucoup comme la plus viable, est de convoquer de nouvelles élections présidentielles sous supervision internationale, dans une tentative de légitimer le processus et d'assurer la participation équitable de tous les acteurs politiques.

Les présidents Gustavo Petro et Lula da Silva ont fait une proposition concernant le sujet électoral du Venezuela qui a attiré l'attention de plusieurs dirigeants d'Amérique latine - crédit Présidence

“Maduro a six mois de mandat. S'il agit avec bon sens, il pourrait convoquer de nouvelles élections, en formant un comité électoral avec des membres de l'opposition et des observateurs internationaux”, a affirmé le président du Brésil.

Gustavo Petro, pour sa part, a pleinement soutenu la proposition de son homologue brésilien. Dans un communiqué, le chef d'État a souligné l'importance de “chercher une issue démocratique et pacifique” à la crise au Venezuela, en mettant en avant le fait que la stabilité du pays est cruciale non seulement pour la région andine mais pour l'ensemble de l'Amérique latine. Pour le président colombien, la tenue de nouvelles élections avec des garanties internationales est le pas nécessaire pour restaurer la confiance dans les institutions vénézuéliennes.

L'initiative de Lula et Petro a eu une réponse rapide à Washington. Bien que des suppositions aient circulé selon lesquelles le président des États-Unis, Joe Biden, soutenait l'idée de tenir de nouvelles élections au Venezuela, la réalité est que le président nord-américain a parlé aux journalistes après que le Brésil ait suggéré cette possibilité et a laissé entendre qu'il soutenait l'idée, mais la Maison Blanche a par la suite clarifié ses commentaires, indiquant que le président ne faisait pas référence à cette situation particulière.