Aux amis de Nicolás Maduro, aucune gestion médiatrice ne doit être confiée.

Publié le 16.08.2024
Nicolás Maduro

Depuis le 28 juillet, Edmundo González est le nouveau président élu du Venezuela et Maduro le leader de l'opposition qui, pour ne pas transférer le pouvoir, recourt à la violence et à l'intervention étrangère -militaire et politique- dans le but de confisquer la souveraineté populaire qui a été exprimée dans les urnes.

Basé sur mon expérience professionnelle en relations internationales, je voudrais attirer l'attention sur les faits et formuler, avec respect et humilité, quelques propositions à cet égard.

Tout d'abord, révisons les faits :

  1. La majorité écrasante du peuple vénézuélien a rejeté la dictature de Nicolás Maduro et voté pour un changement démocratique. Cela s'est fait sous des règles électorales complètement inégales imposées par ce régime autocratique et a gagné par une différence d'environ 40 % qui ne laisse aucune marge de doute ou d'erreur. Pour le désespoir du dictateur, la fraude n'a pas pu être légitimée et les vainqueurs ont pu documenter leur victoire écrasante.
  2. Maduro a annoncé que s'il ne remportait pas la victoire électorale, il y aurait un bain de sang et il est déjà en train de l'implémenter contre un électorat dont la seule arme a été les bulletins de vote.
  3. Ce qui se passe au Venezuela a mis en cause la prétendue gauche régionale —qu'elle soit partis ou gouvernements— à clarifier sans nouveaux jeux de mots de quel côté de l'équation politique elle se situe finalement : avec la démocratie ou avec la dictature. Tout le monde ne réussit pas cet examen.
  4. Les dernières déclarations et propositions des présidents Lula Da Silva, Gustavo Petro et Andrés Manuel López Obrador ne laissent pas de place à doute qu'elles sont destinées à hégémoniser les initiatives diplomatiques pour promouvoir de fausses solutions négociées qui contribuent à maintenir Maduro et avec lui l'agonie du peuple vénézuélien pour une autre décennie. La leçon est que ceux qui ont jusqu'à présent entretenu des relations complaisantes ou proches du régime de Maduro ne doivent pas se voir confier le leadership des efforts internationaux concernant la situation actuelle au Venezuela.
  5. La seule négociation qui peut être proposée à Maduro, comme l'a exprimé María Corina Machado, est celle d'une transition pacifique et ordonnée du pouvoir au président élu Edmundo González. Comme elle l'a elle-même dit, il n'est pas possible de considérer la tenue de nouvelles élections ni la cohabitation de démocrates élus avec la sanglante narco-dictature de Maduro. Cela serait une outrage aux millions de Vénézuéliens qui ont voté pour le changement et qui risquent aujourd'hui leur vie pour défendre le résultat de l'élection. La seule négociation gagnant-gagnant entre les gagnants et les perdants de ces élections est de savoir comment les seconds vont quitter le pouvoir. Il ne peut y avoir un traitement équitable d'aucune perspective car les représentants d'une dictature vaincue dans les urnes et les représentants du changement démocratique élus par 67 % de la population ne sont pas égaux.
La leader opositora venezolana María Corina Machado avec le candidat opposant des dernières élections présidentielles, Edmundo González Urrutia (EFE/Ronald Peña R.)

Face à ces faits, je pense que les forces démocratiques pourraient considérer les lignes d'action suivantes :

  1. Les pays démocratiques de la région doivent enterrer dès que possible les manœuvres visant à hégémoniser les efforts de négociation internationaux en remplaçant ledit triomphe par une coalition volontaire de gouvernements démocratiques qui —agissant en dehors de l'OEA et de l'ONU— soutienne sans réserve la souveraineté populaire qui s'est exprimée dans les urnes vénézuéliennes le 28 juillet dernier. Il existe des précédents de situations similaires où cela s'est avéré indispensable.
  2. Négocier avec le chef d'un narco-État, comme l'a été Noriega, pour qu'il abandonne le pouvoir suppose non seulement de lui proposer des incitations positives liées à sa future vie, liberté et fortune. Il faut rendre visible —en plus d'être indéniablement crédible— que parallèlement aux "incitations positives" existent également des "incitations négatives" orientées de sorte que le dictateur et son entourage n'aient aucune sécurité pour leur vie, liberté et fortune s'ils résistent par la violence à une transition négociée.
  3. Dans ce sens, il est de la responsabilité primordiale des pays démocratiques de coordonner leur action immédiatement —en marge des organismes internationaux paralysés par les autocraties alliées de Maduro— pour faire comprendre au dictateur et à ses alliés que les incitations négatives existent également : mandats d'arrêt contre le dictateur et son entourage, gel des comptes bancaires, confiscation des actifs volés et d'autres actions. Le message pour être efficace doit parvenir immédiatement, haut et clair, à Maduro et son entourage.
  4. En même temps, il doit être dit de manière catégorique aux militaires et aux fonctionnaires civils qu'il existe un engagement ferme pour les exonérer des mesures punitives mentionnées ci-dessus s'ils respectent les résultats des dernières élections et cessent toute action répressive contre la population.
  5. Aux gouvernements des pays qui ont des forces régulières ou irrégulières au Venezuela -en particulier aux conseillers cubains coresponsables depuis des années de la répression et des tortures des détenus- doit être donné un délai limité pour leur évacuation en tant qu'élément d'ingérence et d'intervention dans les affaires internes de ce pays. À l'expiration de ce délai, le gouvernement du nouveau président élu a la légitime autorité d'user de la force pour rétablir la souveraineté sur tout le territoire national et, si nécessaire, demander à cet effet l'aide d'autres gouvernements démocratiques de la région.

José Martí disait que "c'est l'heure des fourneaux, où il ne faut voir que la lumière". Que cela soit ainsi !

*Juan Antonio Blanco est historien, analyste, diplomate, expert en négociation et conflits ; et président de Cuba Siglo 21.