Des heures avant la marche contre Maduro, l'OEA traitera des crimes contre l'humanité commis au Venezuela.

Publié le 27.08.2024
La Policía Nacional Bolivariana (PNB) fait face à des manifestants à Caracas qui réclament pour la fraude électorale commise par le régime de Nicolás Maduro

(Depuis Washington, États-Unis) L'Organisation des États américains (OEA) abordera demain les crimes de droit international commis par Nicolás Maduro, après les élections présidentielles qu'il a perdues face à l'alliance d'opposition menée par María Corina Machado et Edmundo González Urrutia.

La session extraordinaire du Conseil permanent de l'OEA a été demandée par Paraguay ainsi que par les représentants de l'Argentine, du Canada, du Chili, du Costa Rica, de l'Équateur, des États-Unis, de la République dominicaine, du Panama, du Pérou et d'Uruguay.

Dans ce cas, comme dans les sessions précédentes convoquées pour aborder la crise au Venezuela, les ambassadeurs de Brésil, du Mexique et de certaines îles des Caraïbes liées au régime populiste sont restés distants et silencieux.

Les positions antagonistes entre les pays qui condamnent Maduro et les États membres qui agissent avec une prudence diplomatique prémeditée exhibent la fracture de l'OEA. Une circonstance géopolitique inattendue si l'on considère que la ONU, le Centre Carter, l'Union européenne et l'OEA elle-même ont déjà condamné les actions illicites exécutées par le régime vénézuélien.

“L'objectif principal de cette session extraordinaire est que la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) expose aux États membres la situation des droits humains dans ce pays au cours de la période post électorale”, soutient le fondement de la convocation présentée par le Paraguay avec d'autres dix pays.

Nicolás Maduro au Tribunal suprême de justice du Venezuela, qui a confirmé la fraude électorale en sa faveur la semaine dernière

La CIDH avec le Rapporteur spécial pour la liberté d'expression (RELE) a présenté un rapport minutieux qui dévoile les crimes systématiques contre l'humanité que Maduro a ordonnés et que son appareil répressif a exécutés. Ce document officiel, publié le 15 août, sera complété par les informations liées à la décision irrégulière du Tribunal supérieur de justice et les actes répressifs des derniers jours.

“Entre le 28 et le 30 juillet, des signalements ont été réalisés concernant des abus de la force publique contre les manifestations. La violence a entraîné la mort d'au moins 23 personnes. Les informations préliminaires indiquent que les victimes étaient des hommes âgés de 15 à 56 ans, la plupart venant de zones populaires du pays. De plus, toutes seraient mortes à la suite de tirs d'armes à feu, certains dans le dos ou dans la tête”, affirme le rapport sous le titre Usage arbitraire de la force.

Ensuite, dans le chapitre concernant les Detentions arbitraires et Disparitions forcées, la présentation indique : “La CIDH a reçu des informations sur un schéma de violations de la liberté personnelle. Entre le 28 juillet et le 13 août, des organisations de la société civile ont enregistré au moins 1.393 personnes arrêtées, y compris 182 femmes ; 117 adolescents ; 17 personnes en situation de handicap, 14 personnes autochtones et 7 journalistes et travailleurs de la presse. Des rapports ont été reçus concernant des arrestations arbitraires; des disparitions forcées de courte durée au cours desquelles des actes de violence sexuelle contre des femmes et d'autres actes pouvant constituer de la torture auraient eu lieu. Les personnes arrêtées sont transférées secrètement dans des centres de détention, sans que leurs familles soient informées de leur lieu ou état physique”.

Le dossier du forum régional fait également référence à la disparition de la liberté de la presse entre les mains des groupes de travail qui obéissent aux ordres de Maduro. Il s'agit d'un chapitre clé qui permet de comprendre le fonctionnement du régime populiste.

“La RELE (Rapporteur spécial pour la liberté d'expression) a reçu des informations sur l'escalade répressive et les attaques systématiques dirigées contre les journalistes, les médias de communication et les citoyens diffusant des informations d'intérêt public d'une importance particulière dans le contexte post-électoral. Depuis le 28 juillet, environ 108 cas de violations de la liberté d'expression ont été recensés, y compris l'arrestation arbitraire de journalistes et de travailleurs de la presse sous des accusations infondées d'´incitation à la haine´ et ´terrorisme´, l'annulation de passeports, la fermeture de médias, la confiscation d'équipements et la déportation de personnel journalistique international”, révèle la présentation élaborée par la CIDH.

Après les élections frauduleuses au Venezuela, Maduro a lancé un plan répressif contre l'opposition qui réclame la victoire de la coalition électorale dirigée par Edmundo González Urrutia et María Corina Machado

La crise au Venezuela a de fait fracturé l'OEA, et pour éviter l'échec de la session extraordinaire, il a été décidé qu'aucune sanction ne sera prononcée sur un projet basé sur le rapport de la CIDH. Maduro influence l'OEA et il n'y avait pas de garanties pour un vote favorable contre le régime qui poursuit les Vénézuéliens et refuse de reconnaître sa défaite lors des élections du 28 juillet.