Gouvernement vénézuélien en exil

Publié le 08.09.2024
Edmundo González Urrutia s'est est exilé en Espagne (EFE/ Ronald Peña R.)

« Le 10 janvier 2025, le Président Élu Edmundo González Urrutia prêtera serment en tant que Président Constitutionnel du Venezuela et Commandant en Chef de la Force Armée Nationale ». Ce sont les mots de María Corina Machado annonçant l'arrivée d'Edmundo González en Espagne et soulignant « la nécessité de préserver sa liberté, son intégrité et sa vie ».

Il est évident qu'il s'agit du président élu. Et elle ajoute : « Que cela soit très clair pour tous : Edmundo luttera de l'extérieur aux côtés de notre diaspora et je continuerai à le faire ici, avec vous ». Voici quelques réflexions à ce sujet.

La nécessité de préserver sa liberté, son intégrité et sa vie la concerne aussi elle. Elle est la leader inévitable et incontestée d'un véritable mouvement social. Elle l'a convoqué, organisé et mobilisé, redonnant espoir aux Vénézuéliens qui ont répondu dans la rue et dans les urnes, faisant face à toutes les frustrations du passé.

María Corina est l'architecte d'une coalition impensable. Elle a donné sens à la MUD en ruine, « l'unifiant » enfin. Elle-même, inhabilitée, a surmonté les astuces du régime en devenant l'artisane de la candidature d'Edmundo González. Elle est la grande stratège, il faut aussi la protéger.

Tous deux ont partagé des responsabilités depuis le premier jour en créant l'embryon d'un « gouvernement parlementaire de fait » : un Chef d'État et une Chef de Gouvernement avec des fonctions et des devoirs différents, mais complémentaires. Le communiqué le confirme : Edmundo luttant depuis l'extérieur, María Corina luttant au Venezuela.

En annonçant le serment du président élu selon le calendrier prévu, on respecte la constitution et on honore le mandat du souverain, l'électeur. Car la légitimité ne se donne pas et ne peut pas non plus être volée.

Dans cette élection, la différence a été de plus de 30 points, comme jamais auparavant. Le résultat est concluant et définitif, comme jamais auparavant. Le régime ne pourrait même pas compenser avec les 10 points volés habituels.

Le Venezuela ne reviendra pas au 27 juillet. Le régime le sait, il n'a plus de pays, il l'a complètement perdu. Les Vénézuéliens et le monde démocratique reconnaissent un autre gouvernement.

Où que cela se passe, Edmundo González doit assumer la présidence. Ce n'est pas un « président par intérim » comme Guaidó. C'est le président élu par un afflux de votes rarement vu. Si son serment a lieu à l'étranger, c'est un problème de seconde zone.

L'histoire nous enseigne cela. Pendant la Seconde Guerre mondiale, une douzaine de nations européennes occupées par les forces de l'Axe ont formé un gouvernement en exil. La plupart d'entre elles à Londres, mais aussi au Caire, parfois à Alger et même à Montréal. Apparemment, le président Edmundo González du Venezuela exercera ses fonctions à Madrid, María Corina Machado le fera à Caracas.

L'analogie n'est pas absurde. La dictature de Maduro n'a même pas de pays propre, c'est une force multinationale d'occupation, un instrument de la Russie, de l'Iran, de Cuba et des cartels de la drogue.

C'est le chemin, il n'y a pas de retour au 27 juillet. L'histoire a changé le 28.