Ils ont demandé de récuser la juge en charge de la certification des élections au Venezuela en raison de ses liens avec le chavisme.

Publié le 21.08.2024
Caryslia Beatriz Rodríguez, l'opératrice de Maduro dans la Salle Électorale du TSJ connue pour sa loyauté au chavisme

L'ancien candidat opposant vénézuélien Enrique Márquez a demandé ce mardi la récusation de la juge responsable d'un processus de "certification" de la contestée réélection du dictateur Nicolás Maduro, en dénonçant son lien avec le parti au pouvoir.

Maduro a demandé à la plus haute cour de valider sa proclamation pour un troisième mandat, annoncée entre des dénonciations de fraude de la part de l'opposition dirigée par María Corina Machado, qui revendique la victoire de son candidat Edmundo González Urrutia. Le Conseil National Électoral (CNE) n'a pas publié le dépouillement détaillé de l'élection du 28 juillet en invoquant un prétendu piratage.

Enrique Márquez (EFE/ Ronald Peña R.)

Rodríguez, qui préside également la Salle Électorale du TSJ, a été auparavant conseillère municipale de Caracas pour le PSUV, présidente de cette chambre et maire intérimaire de la capitale.

"Peu de chances une juge peut rendre la justice si elle n'est pas impartiale", a ajouté Márquez. "Nous considérons qu'effectivement la présidente de la Salle Électorale est engagée dans des cas suffisants de lien politique et de manque d'impartialité pour être récusée".

Le TSJ a lancé une phase de "per Expertise" des preuves recueillies pour ce processus, que les opposants et les universitaires considèrent comme inapproprié. Rodríguez a également déclaré que le jugement est inattaquable.

Márquez, qui a été député et également recteur du CNE (2021-2023), a témoignage devant la Salle Électorale le 14 août. Depuis lors, a-t-il déclaré, il n'a pas pu accéder au dossier ou présenter des témoins, des experts électoraux indépendants dans les "expertises" annoncées par le TSJ.

González Urrutia n'a pas obéi à la citation, arguant qu'il serait en "absolue vulnérabilité pour absence de défense". Maduro l'accuse de fomenter un coup d'État avec Machado et a demandé la prison pour tous les deux.

Qui est Caryslia Beatriz Rodríguez

Caryslia Beatriz Rodríguez

Le nom de Caryslia Beatriz Rodríguez Rodríguez a émergé dans le domaine public en janvier de cette année lorsqu'elle a été assermentée comme présidente du Tribunal Suprême de Justice (TSJ) du Venezuela, en remplacement de la magistrate sortante, Gladys Gutiérrez. Depuis lors, sa carrière politique et professionnelle a été placée sous le regard du public et des médias pour sa loyauté au chavisme.

Elle est diplômée de la faculté de Droit de l'Université Centrale du Venezuela (UCV) et a poursuivi sa formation avec une maîtrise en Droit Pénal Militaire à l'Université de Nueva Esparta, en collaboration avec le Ministère de la Défense. De plus, elle a réalisé une spécialisation en Sécurité et Défense de la Nation à l'Institut des Hautes Études de la Défense Nationale et a obtenu un doctorat en Contrôle Contentieux Administratif des Conductes du Pouvoir Public également à l'Université de Nueva Esparta.

Avant sa nomination au TSJ, Rodríguez a occupé plusieurs postes dans l'administration publique. En 2014, elle a été consultante juridique à l'Institut Postal Télégraphique du Venezuela (Ipostel). Sa carrière politique a pris son envol lorsqu'elle a été élue conseillère municipale du municipe Libertador du District Capital lors des élections municipales du 9 décembre 2018, représentant le Parti Socialiste Unifié du Venezuela (PSUV) avec le soutien du Mouvement Électoral du Peuple (MEP) et d'autres organisations alliées à la dictature.

En 2021, elle a pris la présidence du Conseil Municipal de la Mairie de Caracas et, en août de la même année, a été nommée maire par intérim de la capitale après la démission de Erika Farías.

En avril 2022, l'Assemblée Nationale présidée par le chaviste Jorge Rodríguez l'a nommée magistrate de la Salle Électorale du TSJ, avec Inocencio Figueroa et Fanny Márquez. Depuis cette position, Caryslia Beatriz Rodríguez a joué un rôle crucial dans la décision numéro 122 qui a annulé l'élection primaire de l'opposition en octobre 2023 où plus de 3 millions de Vénézuéliens ont participé, alléguant la commission de délits contre la Constitution et la réglementation électorale.

Rodríguez n'a jamais caché son affinité avec le chavisme. Dans une interview avec le média officiel Ciudad CCS, elle s'est décrite comme une femme engagée envers la révolution, loyale au commandant Hugo Chávez et à Maduro. Sur son compte Twitter, où elle s'identifie par son deuxième prénom, Beatriz, elle a constamment démontré son alignement avec les directives du régime.

Caryslia Beatriz Rodríguez

Sa nomination et ses actions ont été une source de controverse. Voluntad Popular, l'un des partis d'opposition, a critiqué son rôle dans l'annulation des primaires de l'opposition, qualifiant le jugement de "ridicule". Dans le domaine judiciaire, malgré son expérience limitée antérieure, sa nomination à la Salle Électorale et sa présidence ultérieure du TSJ ont été perçues par certains comme une extension de l'influence de Nicolás Maduro sur le pouvoir judiciaire.

Durant son mandat au TSJ, Rodríguez a abordé des thèmes comme l'impact présumé des sancions internationales contre le régime, promouvant la narration officielle sur la paix et la stabilité nationale face aux prétendues menaces de l'opposition "extrémiste".

En novembre et début décembre 2023, elle a activement encouragé la participation au référendum de consultation sur le Esequibo, en soutien aux initiatives chavistes.

Durant son mandat au TSJ, Rodríguez a abordé des thèmes comme l'impact présumé des sanctions internationales contre le régime, promouvant la narration officielle sur la paix et la stabilité nationale face aux prétendues menaces de l'opposition "extrémiste".

Rodríguez a assumé la présidence du TSJ avec un discours évoquant le style et la rhétorique de Maduro, soulignant l'unité civico-militaire et l'importance de la cohésion entre les "patriotes" pour atteindre des victoires en un moment crucial pour le pays. Son leadership au sein de la plus haute cour du pays est marqué par sa loyauté envers le projet chaviste et son engagement envers la révolution bolivarienne.

(Avec des informations d'AFP)