Ingrid Betancourt a critiqué la proposition de Petro concernant la crise au Venezuela : “L'art d'embrouiller les choses”.

Publié le 16.08.2024
Ingrid Betancourt craint que la proposition de Petro sur la cohabitation puisse mettre en danger les leaders de l'opposition vénézuélienne - crédit Jesús Aviles/Infobae

La crise politique au Venezuela suscite d'innombrables débats et propositions de la part d'acteurs internationaux et locaux. Le président de la République, Gustavo Petro, a récemment présenté un plan structuré en cinq points visant à offrir une transition politique au Venezuela, mais cette initiative a provoqué une série de réactions, tant de soutien que de rejet, parmi les différents acteurs politiques, avec en tête la critique ouverte du gouvernement par l'ancienne candidate présidentielle Ingrid Betancourt.

Le troisième triomphe consécutif du régime de Nicolás Maduro lors des élections présidentielles au Venezuela, tenues le 28 juillet, a marqué un tournant dans la politique de l'Amérique latine. Ce résultat, qui a relégué l'opposant Edmundo González à la deuxième place, n'est pas passé inaperçu pour la communauté internationale. Depuis lors, cela a provoqué une série de réactions et de débats enflammés sur la direction politique du pays voisin, d'où la proposition de Petro.

La référence de Petro au Frente Nacional colombien, un accord politique qui a permis l'alternance au pouvoir entre les partis libéral et conservateur entre 1958 et 1974, constitue le point central de sa proposition. Le président suggère qu'un modèle similaire de cohabitation et de gouvernement partagé pourrait être appliqué au Venezuela pour stabiliser le pays et permettre une transition pacifique.

Avec ce message, le président Gustavo Petro a proposé de nouvelles élections au Venezuela - crédit @petrogustavo/X

La proposition de Petro n'a pas été exempte de critiques, car Ingrid Betancourt, une figure éminente de la politique colombienne, a exprimé son rejet à travers son compte sur X. L’ancienne sénatrice a fait valoir que la proposition de Petro pourrait être interprétée comme une validation du régime de Maduro et un piège pour le maintenir au pouvoir. La solution ne réside pas dans la cohabitation, mais dans le départ du pouvoir du dictateur vénézuélien et dans la reconnaissance des résultats des élections présidentielles du 28 juillet, auxquelles l'opposition soutient avoir remporté la victoire.

“L'art d'embrouiller la situation. @petrogustavo au lieu de trouver des solutions invente plus d'enchevêtrements. Comme le piège n’a pas fonctionné avec Maduro, alors revenons à faire les élections au Vénézuela pour que la fraude réussisse cette fois. Edmundo a gagné et Maduro doit négocier son départ. Pas son maintien. Ne créez pas non plus de cohabitation pour qu'ils tuent les gagnants plus facilement,” a écrit Betancourt.

Ingrid Betancourt a rejeté la proposition de Petro pour le Venezuela, arguant que la véritable solution est le départ de Nicolás Maduro et la reconnaissance des résultats des élections présidentielles de juillet - crédit @IBetancourtCol/X

Betancourt souligne que le candidat de l'opposition, Edmundo, a gagné légitimement et que Maduro devrait négocier son départ du pouvoir. Cet appel résonne avec les voix d'autres dirigeants internationaux qui ont également demandé un changement pacifique de gouvernement au Venezuela. Cependant, la crainte de l'ancienne candidate présidentielle est que toute proposition de cohabitation entre le dictateur et l'opposition puisse mettre en danger le groupe opposant.

Voici les cinq points de la proposition de Petro :

  1. Levée de toutes les sanctions contre le Venezuela.
  2. Amnistie générale nationale et internationale.
  3. Garanties totales pour l'action politique.
  4. Gouvernement de cohabitation transitoire.
  5. Nouvelles élections libres.

Le premier point de la proposition porte sur la levée des sanctions internationales imposées au Venezuela, qui ont un coût estimé à 232 milliards de dollars. Selon Petro, ces sanctions ont des effets sociaux négatifs, exacerbés pendant la pandémie, et violent des principes du droit international en coercitant un État souverain.

Le président Gustavo Petro a présenté un plan en cinq points pour résoudre la crise au Venezuela - crédit Juan Diego Cano/Presidencia

Le deuxième point du plan propose une “amnistie générale nationale et internationale” pour éliminer la peur des représailles de la part de futurs gouvernements, cherchant à assurer un environnement de stabilité et de réconciliation. L'amnistie devrait être vérifiée au niveau international pour garantir la protection de tous les acteurs politiques concernés.

Le troisième aspect suggère la mise en œuvre de “garanties pour l'action politique” qui permettent à toutes les parties, tant le gouvernement que l'opposition, de mener leurs campagnes sans craindre la violence, en se remémorant l'épisode violent des guarimbas en 2014.

De plus, le plan plaide pour l'instauration d'un gouvernement transitoire, inspiré du Frente Nacional colombien de 1957, qui permettrait une transition pacifique du pouvoir. Le dernier point de la proposition est la convocation de nouvelles élections pour redémarrer le processus électoral et permettre un renouvellement politique, en préparation des élections régionales et législatives de l'année prochaine.