L'isolement du Venezuela s'approfondit : le pays a perdu 54 % de sa connectivité aérienne internationale.

Publié le 12.09.2024
La suspension affecte également les aéroports vénézuéliens, qui "cessent de percevoir" des revenus sans ces opérations (EFE/EPA/Cristobal Herrera-Ulashkevich)

Le Venezuela fait face à une réduction sévère de sa connectivité aérienne internationale après la suspension des vols commerciaux avec Panama, République Dominicaine et Perou, mesure en vigueur depuis le 31 juillet. Selon l'Association des Compagnies Aériennes Vénézuéliennes (ALAV), cette décision a réduit de 54% la capacité du pays à rester connecté avec d'autres destinations internationales.

C'est ce qu'a affirmé Marisela de Loaiza, présidente de l'ALAV, en annonçant que sur les 181 vols hebdomadaires qui opéraient avant la mesure, il ne reste que 83, ce qui représente une perte de 98 vols hebdomadaires équivalant à 15 000 sièges disponibles.

Nous avons perdu plus de la moitié de la connectivité internationale”, a déclaré De Loaiza, qui dit ne pas comprendre la raison de cette mesure qui - a-t-elle prévenu - impacte non seulement le tourisme mais également l'économie vénézuélienne.

Nicolás Maduro (Photo AP/Ariana Cubillos)

La “suspension temporaire” des vols a été annoncée par le gouvernement vénézuélien le 29 juillet en réponse au prétendu “ingérence des gouvernements de droite” après les élections présidentielles contestées du 28 juillet, lors desquelles Nicolás Maduro a été réélu dans un processus dénoncé comme frauduleux par l'opposition et remis en question par la communauté internationale.

Le ministère des Transports “se réserve les actions légales, en soutien ferme aux décisions politiques de l'État, afin de faire respecter, préserver et défendre le droit inaliénable à l'autodétermination du peuple”, a déclaré alors l'institution dans un communiqué. La mesure a été accompagnée de l'expulsion du corps diplomatique des trois pays mentionnés, ainsi que de représentants d'Argentine, Chili, Costa Rica et Uruguay, également accusés d'ingérence dans les élections.

Les effets sont particulièrement notables dans l'état de la connectivité aérienne au Venezuela post-pandémie. Malgré une certaine reprise, la situation précédente était déjà critique en raison de sa faible offre de vols internationaux directs. En 2013, le Venezuela comptait 352 fréquences hebdomadaires internationales, mais ce chiffre est tombé à seulement 100 en 2019 en raison du retrait de compagnies aériennes qui ne pouvaient rapatrier leurs fonds et de la diminution du marché, selon les rapports de l'ALAV.

Edmundo González Urrutia aux côtés du président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez (Europa Press/Pool Moncloa/Fernando Calvo)

“C'est une mesure politique qui, en réalité, ne bénéficie à personne”, a déclaré De Loaiza, également présidente de Conseturismo, qui prévient que la suspension affecte l'arrivée de touristes internationaux au Venezuela, où ce secteur, qui a été “très touché” pendant la pandémie, “était en train de commencer à se rétablir”.

De Loaiza souligne également que la mesure affecte les aéroports vénézuéliens, qui cessent de percevoir des revenus en raison des opérations suspendues. La fonctionnalité de ces aéroports était cruciale pour maintenir la connexion de diverses régions du pays avec l'extérieur.

Les options restantes ne sont pas suffisantes pour satisfaire la demande. Panama était un important lien avec plusieurs villes aux États-Unis, tandis que Perou reliait le Venezuela à d'autres pays sud-américains. La suspension de ces connexions a obligé de nombreux voyageurs, comme Daniela, une jeune femme qui se trouve aux États-Unis et dont le vol de retour a été annulé, à chercher des voies alternatives pour revenir au Venezuela.

“Ce n'est pas que les avions restent là à attendre que le Venezuela ouvre, ces avions vont sur d'autres routes”, a-t-elle ajouté.

D'autre part, la possibilité d'une interruption de la connexion directe avec l'Espagne persiste, après que le président de l'Assemblée Nationale, Jorge Rodríguez, ait suggéré de rompre les relations diplomatiques et commerciales avec ce pays, y compris l'annulation des vols opérés par des compagnies aériennes espagnoles.

Cette proposition sévère survient après que le Congrès espagnol a reconnu José González Urrutia comme président élu, un soutien que Rodríguez a qualifié de “domination” contre le Venezuela.

Dans ce contexte, les médias ont rapporté une possible prolongation de la mesure de suspension jusqu'au 30 septembre, bien que le ministère des Transports ait assuré que la suspension reste en vigueur et qu'elle n'a jamais eu de date d'expiration fixée.

(Avec des informations d'EFE)