Le chancelier uruguayen a qualifié d'« délire » l'idée de Maduro sur Noël : « Il a perdu le sens de la réalité »

Publié le 04.09.2024
Le ministre des Affaires étrangères de l'Uruguay, Omar Paganini (EFE/ Gastón Britos)

Je pense que c'est de la folie, essentiellement un délire. Ce que cela montre est un régime qui a déjà perdu le sens de la réalité. C'est du réalisme magique. Ce sont des messieurs qui pensent pouvoir dire au monde qu'ils ont gagné des élections que tout le monde sait qu'ils n'ont pas gagnées; qui pensent pouvoir dire au monde qu'un professeur diplomate est en réalité responsable d'une grande conspiration pour faire tomber le système électoral vénézuélien; et maintenant, pour démontrer leur folie, ils disent que Noël est le 1er octobre. C'est un total délire. Ce régime est enfermé dans sa folie”, a déclaré Paganini, lors d'une interview dans l'émission VTV Noticias.

A la suite de la demande d'arrestation de Edmundo González Urrutia, Paganini a déclaré que la situation au Venezuela est “très extrême”. “C'est une sorte de fuite en avant du régime. Chaque événement qui se produit est pire que ce qui se passait auparavant”, a-t-il dit, en énumérant : “Ils ont commencé par interdire à María Corina de se présenter aux élections, alors qu'elle était une candidate avec beaucoup de soutien. Ensuite, elle a voulu proposer Corina Yoris et ne l'ont pas laissée s'inscrire pour une manœuvre administrative. Là, nous nous sommes déjà prononcés contre deux fois.”

Ces faits, a affirmé le ministre, étaient un signe de ce qui allait se passer au Venezuela. “Quand est venu le moment des élections, le régime a opté pour la fraude car il était évident qu'il allait perdre. Dans l'urgence, ils ont effectué un scrutin fermé et annoncent la victoire de Nicolás Maduro, qu'ils proclament président sans avoir clôturé le scrutin ni montré un résultat crédible.”

Paganini a déclaré que la manœuvre de l'opposition de photocopier 80% des procès-verbaux était “brillante”, ce qui a poussé le régime à chercher d'autres moyens de “se justifier”. “Il est clair qu'ils ne les montreront pas car ce qu'ils veulent, c'est la fraude”, a déclaré le ministre.

Le candidat de l'opposition majoritaire du Venezuela, Edmundo González Urrutia, sur une photo d'archive. EFE/ Luis Carlos Sánchez

Que Maduro ait eu recours au Tribunal suprême de justice était, pour Paganini, une autre “manœuvre” du régime. “Ça n'a pas de valeur. Personne ne l'a reconnu”, a tranché le ministre uruguayen. L'ordre d'arrestation du candidat de l'opposition est le “gros lot” du régime de Maduro et repose sur des arguments ridicules, comme celui de l'usurpation de l'autorité.

Paganini a expliqué que la stratégie que poursuivent les pays est de dénoncer la situation pour que le gouvernement de Maduro ne soit pas légitimé. Ainsi, le régime devra dire au “monde” qu'il devra chercher à “trouver une issue”.

Ça ne suffit pas car avec les dictatures, ça ne suffit pas. Que les gens ne les veuillent pas, c'est ce qui arrive dans les dictatures. Mais au moins, la situation n'est pas légitimée. Un processus de négociation devrait être ouvert ensuite, qui dépend beaucoup de ce qui se passe à l'intérieur du Venezuela et du fait que le régime perde également le soutien des quelques secteurs qui le soutiennent encore”, a-t-il souligné.

Paganini a déclaré que lui et le président Luis Lacalle Pou maintiennent de manière informelle des conversations périodiques avec la dirigeante de l'opposition Corina Machado. “Je lui ai dit à María Corina –et aussi au président– que l'Uruguay est un pays d'asile. Un autre problème est qu'ils ne veulent pas le faire de cette manière et nous pensons que c'est louable l'attitude d'un leader démocratique qui dit qu'il veut être au Venezuela, avec son peuple et se défendre”, a-t-il commenté. Toutefois, Paganini a assuré que cette sortie pourrait avoir des problèmes logistiques car le gouvernement vénézuélien ne veut pas accorder le passeport.”