Les doutes sur le rôle de l'Espagne dans la sortie d'Edmundo González du Venezuela donnent des ailes à la droite pour acculer Albares.

Publié le 20.09.2024
Le ministre des Affaires étrangères, de l'Union européenne et de la coopération, José Manuel Albares, lors d'une séance de contrôle du gouvernement au Congrès. (EFE/Sergio Pérez)
Jorge Rodríguez et Delcy Rodríguez forcent González Urrutia à signer la reconnaissance de la victoire de Nicolás Maduro sous le regard attentif de l'ambassadeur espagnol.

Dans le cadre de la sortie du leader de l'opposition, celui-ci a également dénoncé qu' “il y a eu des heures très tendues de coercition, de chantage et de pressions” avant de quitter Caracas pour arriver à Madrid. Ces révélations, bien qu'elles ne visent en aucun cas le gouvernement (González Urrutia a précisé dans un autre communiqué qu'il n'a pas été contraint par l'Espagne), et le manque de précision dans les explications soulèvent des doutes sur le rôle de l'exécutif espagnol, car la sortie a été gérée durant le séjour de González Urrutia dans la représentation diplomatique dans la capitale vénézuélienne.

Beaucoup de doutes et peu de certitudes

Une autre des questions qui a émergé ces dernières heures est la simple présence de Delcy Rodríguez dans l'ambassade espagnole (les ambassades et consulats font partie intégrante du territoire espagnol), malgré le fait qu'elle a été interdite de fouler le sol européen depuis 2018. La dirigeante vénézuélienne a été incluse sur la liste des sanctionnés de ce pays en considérant qu'elle “a sapé la démocratie et l'État de droit au Venezuela, y compris l'usurpation des pouvoirs de l'Assemblée nationale et leur utilisation pour attaquer l'opposition et empêcher qu'elle fasse partie du processus politique”, comme l'établit une résolution du Conseil de l'Union européenne.

À ce sujet, et malgré le fait que la représentation diplomatique est la plus haute représentation légale de l'Espagne au Venezuela, Albares s'est retranché derrière le fait que l'ambassadeur d'Espagne avait des “instructions précises de ne pas s'immiscer dans la liberté d'Edmundo González” afin de pouvoir “parler, gérer, avoir des rencontres avec qui il le souhaitait”, de manière à ce que la décision qu'il prendrait “soit celle qu'il souhaitait réellement”.

D'autre part, bien qu'il existe des informations qui indiquent que l'ancien président du gouvernement José Luis Rodríguez Zapatero a participé à l'opération pour sortir le leader de l'opposition, les Affaires étrangères continuent de ne pas révéler son rôle, un silence qui prévaut dans l'action de l'ancien mandaté lui-même, hors du focus depuis des mois.

Le PP demande la démission d'Albares et le remplacement de l'ambassadeur à Caracas

“Pouvez-vous imaginer que deux hauts responsables d'une dictature entrent dans une ambassade italienne pour contraindre le président élu d'un pays ? Vous arrive-t-il de penser que cette coercition s'est faite avec la connaissance du président du gouvernement et du ministre des affaires étrangères ?”, s'est demandé le leader du PP depuis Rome. De plus, le vice-secrétaire institutionnel du PP, Esteban González Pons, a accusé l'exécutif de Pedro Sánchez d'être impliqué “comme co-auteur nécessaire” dans le “coup d'État qui s'est produit au Venezuela” et a désigné l'ancien président Zapatero comme le “grand planificateur” de l'opération.