Les Vénézuéliens en Argentine se mobiliseront pour faire pression sur Lula afin qu'il condamne le régime de Maduro.

Publié le 09.09.2024
L'ambassade d'Argentine - sous protection du Brésil - à Caracas (EFE)

Le Venezuela traverse un moment d'incertitude institutionnelle et de tension politique. La pression internationale n’a pas encore réussi à briser la volonté de Nicolás Maduro, le leader chaviste qui, le 28 juillet, s'est autoproclamé vainqueur des élections présidentielles sans exhiber de procès-verbaux officiels du scrutin. Dans ce cadre, Edmundo González Urrutia, ancien candidat à la présidence de l’opposition, a dû s'exiler dimanche à Madrid. “J'ai pris cette décision en pensant au Venezuela et à ce que notre destin en tant que pays ne doit pas être celui d'un conflit de douleur et de souffrance,” a expliqué dans un communiqué le Diplomate lié à María Corina Machado, emblème de l'opposition.

Parallèlement, le régime de Maduro a mené ce week-end un siège contre l'ambassade argentine à Caracas, qui est sous la protection du Brésil depuis août. Six dirigeants de l'entourage de Corina Machado résident depuis mars dans cette ambassade en tant qu'asile. Le chavisme a exercé des pressions sur le Planalto pour que ses représentants quittent la mission diplomatique. L'opération n'a pas abouti, et le harcèlement s'est apaisé lorsque l'on a appris que González Urrutia avait atterri à Madrid.

Edmundo González Urrutia

Le siège de Maduro contre l'ambassade argentine a commencé avec la décision de révoquer le “agrément” accordé à Brasilia pour représenter les intérêts de l'Argentine et de ses ressortissants sur le territoire vénézuélien. Le Brésil s'est appuyé sur la Convention de Vienne et a rejeté cette exigence. Le ministère des Affaires étrangères, par l'intermédiaire de Diana Mondino et son équipe, a établi des communications avec Itamaraty pour garantir la sécurité de la mission diplomatique nationale dans la capitale vénézuélienne.

Lula Da Silva, ancien allié acharné de Maduro, s'est distancié du régime ces dernières semaines. Cependant, la communauté internationale fait pression sur le leader du PT pour qu'il adopte une position de condamnation contre le dictateur bolivarien. Le Brésil est l'hégémon régional, et sa position peut briser la volonté de Caracas.

Le président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva

Dans ce cadre, la communauté vénézuélienne en Argentine s'est organisée pour marcher cette semaine devant l'ambassade du Brésil à Buenos Aires. Ce sera mercredi à 9 heures. En plus de CABA, des manifestations auront également lieu à Córdoba et Mendoza. Ce même jour, il y aura des rassemblements devant les ambassades et consulats brésiliens à travers le monde.

“Lula Intercede pour le Venezuela”, est le titre du flyer de l'appel. “Le Brésil doit se solidariser contre les abus du régime de Maduro. L'équipe du Comando Con Vzla - de Corina Machado - en Argentine présentera une demande à l'ambassade brésilienne et à différents consulats pour demander au gouvernement de Lula de se positionner en faveur de la démocratie au Venezuela,” exige le même texte.

Dans le même temps, le ministère des Affaires étrangères progresse sur le Consensus de Brasília, un espace qui regroupe tous les pays d'Amérique du Sud, pour promouvoir une “clause démocratique” dans le but d'expulser le régime de Maduro de cet espace. Cette proposition sera débattue lors de la prochaine réunion du Consensus de Brasilia, qui aura lieu le 20 septembre (ou avant). Infobae a eu accès au texte élaboré par le ministère des Affaires étrangères pour forcer l'expulsion du Venezuela.

Javier Milei et Nicolás Maduro

L'initiative implique une sorte d'embuscade contre Caracas. Si le Venezuela s'oppose à la clause démocratique, ce sera une forme implicite d'accepter la fraude. “C'est comme un cul-de-sac la proposition que nous faisons,” a expliqué à Infobae un diplomate basé au Palais San Martín. Le gouvernement bénéficie du soutien du Paraguay, de l'Uruguay, du Chili et du Pérou. Le Brésil a remercié pour la proposition et a répondu qu'il “va l'étudier”. On ne peut pas exclure qu'après les événements du week-end, Itamaraty fasse un pas pour exercer plus de pression sur Maduro. En attendant, des doutes subsistent sur la position que prendra la Bolivie à ce sujet.

Dans le même temps, Mondino conçoit une offensive diplomatique contre le Venezuela dans le cadre de l'Assemblée générale des Nations Unies (ONU), qui se tiendra à la fin du mois à New York, où Javier Milei est prévu de prendre la parole. Ils chercheront à renforcer la condamnation contre Maduro et exigeront l'expulsion du régime de tous les forums pertinents du système international.

Dans ce contexte, le gouvernement surveille en permanence la situation de l'ambassade argentine à Caracas. L'objectif principal est que le Venezuela accorde des sauf-conduits pour retirer les six réfugiés. Selon les informations obtenues par ce média, les militants vont bien, avec les fournitures nécessaires pour passer le quotidien. Ils résident depuis mars dans la mission diplomatique argentine, dans le quartier de La Mercedes de la capitale vénézuélienne.

Les dirigeants de l'opposition en asile sont Pedro Urruchurtu Noselli, Humberto Villalobos, Claudia Macero, Omar González, Fernando Martínez et Mottola Magalí Meda. Ce sont des personnes liées à l'équipe de campagne des représentants de l'opposition à Maduro, María Corina Machado et Edmundo González Urrutia.