María Corina Machado a réitéré qu'elle restera au Venezuela et a appelé à une manifestation ce mardi.

Publié le 09.09.2024
María Corina Machado prononce un discours lors d'une manifestation à Caracas (EFE/ Ronald Peña)

Dans un message diffusé via le réseau X, Machado a appelé “chacun des Vénézuéliens vivant aujourd'hui en Espagne” à se rassembler à partir de 18h00 heure locale (16h00 GMT) sur la Plaza de las Cortes de Madrid pour “continuer à avancer jusqu'à ce que le monde entier reconnaisse Edmundo González Urrutia comme président élu”.

Cette convocation coïncide avec le vote au Parlement espagnol d'une proposition non de loi du principal parti d'opposition au gouvernement, le conservateur Parti Populaire (PP), qui exhorte le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez à reconnaître González Urrutia comme le gagnant des élections vénézuéliennes, qui se trouve en Espagne depuis dimanche après avoir demandé l'asile politique.

González Urrutia est arrivé dimanche en Espagne en tant qu'exilé, alors qu'un mandat d'arrêt pesait sur lui. L'opposition revendique sa victoire aux élections du 28 juillet, où, cependant, Nicolás Maduro a été proclamé vainqueur pour un troisième mandat consécutif, jusqu'en 2031.

“Si quelque chose change avec la sortie d'Edmundo, d'une perspective qui pourrait augmenter le risque pour moi, je ne sais pas, mais en tout cas j'ai décidé de rester au Venezuela et d'accompagner la lutte d'ici tandis qu'il le fait de l'extérieur”, a déclaré Machado depuis la clandestinité lors d'un événement virtuel.

Edmundo González Urrutia (EFE/ Miguel Gutiérrez)

Nous savons tous qu'Edmundo González Urrutia est le président élu du Venezuela”, a insisté Machado. “Et il le sera, qu'il soit au Venezuela ou ailleurs dans le monde”.

González Urrutia, âgé de 75 ans, a appelé plus tôt au “dialogue” et a expliqué que sa décision de partir en exil a été prise pour “changer les choses” et construire “une nouvelle étape pour le Venezuela”.

“Seule la politique du dialogue peut nous permettre de nous retrouver”, a écrit le politicien d'opposition dans une lettre publiée sur X et datée de Madrid, dans laquelle il ne revendique pas sa victoire ni n'accuse Maduro de fraude. “Notre destin en tant que pays ne peut pas, ne doit pas être, celui d'un conflit de douleur et de souffrance”, a déclaré González Urrutia.

Le ministre des Affaires étrangères espagnol, José Manuel Albares, a informé lundi que González Urrutia recevra l'asile.

Des sources proches du politicien vénézuélien ont expliqué qu'il ne s'exprimera pas devant les médias avant d'être reçu par le président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez et Albares, actuellement en voyage officiel en Chine, ce qui pourrait se produire jeudi.

“Cela ne change absolument rien”

Albares a insisté sur le fait que l'accueil du politicien vénézuélien ne change pas la position de Madrid.

De nombreux dirigeants d'opposition se sont également retrouvés exilés dans ce pays.

Le ministre de l'Intérieur du Venezuela, le puissant dirigeant chaviste Diosdado Cabello, a insisté lundi que l'exil de González Urrutia était “volontaire”. “Il est parti tout seul avec sa femme, ils sont partis tranquilles (...), il s'est dit au revoir calmement, détendu”, a-t-il déclaré avec ironie lors d'une conférence de presse.

La Court Pénale Internationale (CPI), qui enquête sur le Venezuela pour crimes contre l'humanité, a déclaré qu'elle “suit de près l'évolution de la situation” dans le pays, selon un communiqué dans lequel elle ne mentionne pas directement González Urrutia mais “souligne l'importance de veiller à ce que l'État de droit soit respecté”.

“Espérance pour la démocratie”

González Urrutia, qui était dans la clandestinité depuis le 30 juillet, a passé un certain temps à l'ambassade des Pays-Bas à Caracas avant de se rendre à l'ambassade espagnole le 5 septembre.

La Colombie, qui, avec le Brésil, mène les efforts régionaux en faveur d'une issue pacifique à la crise, a regretté dans un communiqué la “sortie” de González, tandis que Antony Blinken, chef de la diplomatie américaine, a déclaré que l'opposant restait “la meilleure espoir pour la démocratie” au Venezuela.

Les États-Unis, l'Union européenne et plusieurs pays d'Amérique latine ont rejeté la réélection de Maduro, après que le Conseil National Électoral (CNE), contrôlé par le chavisme, l'a proclamé sans présenter les détails du scrutin comme l'exige la loi.

González était recherché par la justice chaviste pour la diffusion de copies des procès-verbaux électoraux sur une page web où il est attribué le triomphe aux élections. Un tribunal compétent en matière de terrorisme a ordonné le 2 septembre son arrestation, étant investigué pour des faits incluant “désobéissance aux lois”, “conspiration”, “usurpation de fonctions” et “sabotage” après ne pas s'être présenté à trois convocations.

Une enquête pénale pèse également sur Machado de la part du parquet, bien qu'aucune citation ni mandat d'arrêt ne soient en cours.

Maduro a demandé la prison pour elle et González. Il les tient responsables des faits de violence lors des manifestations postélectorales, qui ont fait 27 morts — dont deux militaires —, presque 200 blessés et plus de 2.400 arrestations.

(Avec des informations d'AFP et EFE)