Marta Lucía Ramírez a questionné Luis Gilberto Murillo sur son offre d'asile à María Corina Machado : « C'est permettre à Maduro de s'ancrer »

Publié le 10.09.2024
Marta Lucía Ramírez a remis en cause les affirmations de Murillo sur la situation au Venezuela - crédit Nathalia Angarita/REUTERS

La ancienne chancelière et l'ex-vice-présidente de la Colombie, Marta Lucía Ramírez, a exprimé son mécontentement à l'égard du ministre des Affaires étrangères, Luis Gilberto Murillo, après que ce dernier a affirmé que la Colombie pourrait accorder l'asile politique à María Corina Machado, leader de l'opposition au régime de Nicolás Maduro.

L'ancienne chancelière, qui a suivi de près la crise politique que traverse ce pays en raison des élections du dimanche 28 juillet 2024, dont le Conseil national électoral du Venezuela affirme que le gagnant est Maduro, a déclaré ce qui suit : "Monsieur le Chancelier Luis Gilberto Murillo, offrir l'asile politique (non demandé) à l'opposition, au lieu d'exiger réellement le respect de la démocratie au Venezuela, c'est permettre à Nicolás Maduro de s'installer, laissant les Vénézuéliens abandonnés à leur sort".

Elle a ensuite demandé : "Est-ce que votre offre à María Corina Machado est la manière correcte d'exiger le respect de la démocratie et des votes du 28 juin ?".

Marta Lucía Ramírez, ancienne vice-présidente et ancienne chancelière de la Colombie - crédit Camila Díaz/Colprensa

Le chancelier Luis Gilberto Murillo, en conversation avec les médias, a indiqué que "la Colombie est un pays d'accueil, et si quelqu'un remplit les conditions établies par les conventions, nous sommes ouverts à le faire, nous avons dit que nous aimerions accueillir l'ancien vice-président de l'Équateur, Jorge Glas, l'ancien président Pedro Castillo. Nous avons presque trois millions de migrants en Colombie et cela montre notre engagement".

Par le biais d'un communiqué, le ministère des Affaires étrangères de Colombie s'est prononcé sur la situation critique d'Edmundo González, qui a dû se rendre en Espagne pour obtenir l'asile politique.

Dans un message bref, le ministère des Affaires étrangères a fait référence à l'accord supposé entre le régime de Nicolás Maduro et l'Espagne pour garantir l'asile politique de González, une version qui a été récemment démentie par le gouvernement espagnol.

"Le gouvernement colombien déplore le départ d'Edmundo González du Venezuela. Il souligne l'accord entre les gouvernements d'Espagne et du Venezuela pour garantir l'asile politique conformément à la convention sur l'asile diplomatique adoptée le 28 mars 1954", a indiqué le ministère dans un court communiqué.

De même, le ministère des Affaires étrangères de Colombie a invité Nicolás Maduro et l'opposition à engager un dialogue, afin de résoudre les graves dénonciations qui existent contre le régime pour, présumément, frauder lors des élections présidentielles dans ce pays.

"La Colombie réaffirme que le processus politique dans le pays frère et dans tout pays des Amériques doit être entouré de garanties complètes. Encore une fois, la Colombie plaide pour le dialogue afin de construire un accord qui assure la paix politique dans le pays voisin", a conclu le ministère.

Le ministère des Affaires étrangères de Colombie a déploré le départ d'Edmundo González du Venezuela - crédit @CancilleriaCol/X

Le chancelier Luis Gilberto Murillo, dans une interview avec Noticias Caracol, a précisé de quoi il s'agissait de l'accord entre le Venezuela et l'Espagne qui, bien que le ministre des Affaires étrangères espagnol, José Manuel Albares, s'acharne à le nier, doit bien y avoir des dialogues entre les deux gouvernements pour accorder le sauf-conduit d'Edmundo González.

"Ce sont des accords, même si vous ne les appelez pas ainsi, puisque c'est un accord parce que l'Espagne a dû entrer en communication avec le gouvernement du Venezuela et convenir qu'ils vont donner le sauf-conduit, le demander, et cela s'est produit. Nous soulignons qu'il y a eu cet accord parce que c'était en conformité avec les conventions sur l'asile politique", a déclaré le chancelier dans un dialogue avec Noticias Caracol.

De plus, le responsable du ministère a affirmé que la Colombie continuera d'offrir des garanties aux Vénézuéliens pour médiatiser la crise et n'a pas exclu la possibilité qu'Edmundo González arrive en Colombie pour demander l'asile, malgré l'affinité que pourrait exister entre le gouvernement Petro et le régime de Nicolás Maduro.

Luis Gilberto Murillo, chancelier de Colombie - crédit Mauricio Dueñas Castañeda/EFE

"Nous donnons une importance particulière à l'institution du refuge et de l'asile politique, et dans ce sens, ce que nous avons proposé est que la Colombie est un pays d'accueil, nous avons accueilli près de trois millions de migrants, la grande majorité étant des Vénézuéliens, quelle que soit leur condition politique. Nous avons également dit que la Colombie est prête à accueillir des personnes qui remplissent les conditions pour l'asile politique", a commenté Murillo au média national.