Nicolás Maduro maintient le blocage du réseau social X au Venezuela.

Publié le 20.08.2024
Photo d'archive du logo de X, le réseau social dont Elon Musk est propriétaire (EFE/ Etienne Laurent)

La plateforme n'est accessible que par l'utilisation de réseaux privés virtuels (VPN) et charge le contenu de manière intermittente avec l'un des opérateurs, rendant inaccessibles des images, des vidéos et des liens.

Maduro a imposé cette suspension le 8 août dernier, dans le cadre de sa campagne contre les réseaux sociaux et les plateformes de messagerie, les accusant de mener des “campagnes de haine” qui, selon lui, soutiennent une tentative de “coup d'État” après sa réélection controversée du 28 juillet.

Photo d'archive du président du Venezuela, Nicolás Maduro (EFE/ Ronald Peña R.)

“Dehors X pendant #10Jours de Venezuela ! Dans notre pays, il y a une Constitution, des lois, des institutions et un État. 10 jours pour qu'il présente ses documents. Que finissent les plans sur les réseaux pour semer la violence, la haine et attaquer #Venezuela depuis l'étranger. Le #PeupleVenezolano mérite du respect”, a écrit le président sur X le 8 août dernier.

De plus, ce lundi, le président a déclaré publiquement : “Dehors Elon Musk et dehors X d'Amérique Latine !", qualifiant le propriétaire de la plateforme de “néofasciste” et l'accusant d'orchestrer des attaques contre le Venezuela.

La suspension temporaire, qui pourrait devenir définitive selon les suggestions de Conatel, l'organisme de régulation des télécommunications, n'a pas été officiellement étendue. Interrogé, le ministère de la Communication et de l'Information n'a pas non plus apporté de clarté à ce sujet.

Le président du Venezuela, Nicolás Maduro (gauche), et le propriétaire du réseau social X, Elon Musk (EFE/Miguel Gutiérrez/Caroline Brehman)

Les blocages des réseaux sociaux sont un coup significatif au Venezuela, où l'accès à l'information indépendante et aux médias critiques est déjà confronté à la censure et à l'autocensure dans les médias traditionnels.

Les réseaux sociaux, comme X, sont devenus des canaux vitaux pour la diffusion des messages de l'opposition, dirigée par María Corina Machado et son candidat Edmundo González Urrutia, qui revendiquent la victoire aux élections du 28 juillet.

Le journaliste et activiste Melanio Escobar, de l'organisation non gouvernementale Redes Ayudas, dédiée à la promotion de la liberté d'expression, a soutenu que ces actions de censure ne bénéficient qu’au gouvernement de Maduro, lui permettant de manipuler le récit et de laisser la population “dans l'ignorance”.

Photo de la leader de l'opposition vénézuélienne María Corina Machado (EFE/ Ronald Peña R)

Les déclarations du ministre de la Communication, Freddy Ñáñez, indiquent que le gouvernement vénézuélien attend que les représentants de X dans le pays présentent une documentation formelle sur leurs opérations. Cela inclurait la désignation d'un représentant chargé de répondre aux lois vénézuéliennes.

“Nous attendons toujours qu'ils prennent leurs responsabilités”, a déclaré le ministre, 12 jours après que le président a annoncé la suspension temporaire de ce réseau social qui, selon le gouvernement, compte 2 700 000 utilisateurs enregistrés dans le pays, ce qui ne signifie pas que ce nombre représente le nombre de personnes.

Ñáñez a ajouté que, tant que le blocage est maintenu, la population peut vivre sans X, suggérant que le réseau social est infesté par des “fantômes numériques” ou des bots et minimisant sa pertinence par rapport à d'autres plateformes avec un plus grand nombre de profils enregistrés au Venezuela, comme Facebook, TikTok et Instagram.

Plus de 2 700 000 utilisateurs affectés par le blocage du réseau social X (Jesús Hellín/ Europe Press)

“Ce qui va se passer (en vue du maintien du veto à X) est qu'ils vont commencer à entrer de nouveaux réseaux sociaux”, a prédit Ñáñez lors d'une interview avec le média numérique La Iguana, et qui a souligné le pouvoir et la portée des plateformes créées en Chine.

Le gouvernement vénézuélien débat également d'une nouvelle loi au Parlement pour réguler les réseaux sociaux, ce qui a conduit de nombreuses institutions étatiques, y compris la société pétrolière PDVSA et la télévision publique VTV, ainsi que Maduro lui-même, à migrer vers d'autres canaux comme Telegram depuis le 8 août.

Ce conflit entre le gouvernement et la plateforme X met en lumière les tensions latentes dans la gestion de l'information et la lutte pour le contrôle narratif au Venezuela.

(Avec des informations d'AFP et EFE)