L'opposition du Venezuela mise sur la reconnaissance internationale d'Edmundo González Urrutia comme "président élu".

Publié le 06.09.2024
L'opposition du Venezuela parie sur la reconnaissance internationale d'Edmundo González Urrutia comme « président élu » (EFE/ARCHIVO)

L'opposition vénézuélienne parie sur une reconnaissance internationale d'Edmundo González Urrutia comme « président élu », malgré la proclamation de la réélection de Nicolás Maduro au milieu de dénonciations de fraude.

Le Conseil National Électoral (CNE) a déclaré Maduro vainqueur des élections du 28 juillet, sans montrer le décompte détaillé bureau par bureau comme l'exige la loi. Il a argumenté un piratage de ses systèmes, rejeté par des experts et l'opposition, qui, de son côté, dit avoir des preuves de la victoire d'Edmundo González Urrutia, contre qui pèse un mandat d'arrêt pour « conspiration ».

« Le monde sait qu'Edmundo González est le président élu et que Maduro a été battu à plate couture », a déclaré Machado lors d'un forum virtuel avec l'organisation américaine Americas Society/Council of the Americas basée à New York.

« Nous sommes arrivés à un point où nous devons avancer, comme je l'ai dit, et c'est un moment où Edmundo González doit être reconnu comme président élu du Venezuela », a ajouté la leader de l'opposition, qui a parlé depuis la clandestinité à Caracas.

Maria Corina Machado a dirigé la défense de la victoire d'Edmundo González Urrutia lors des élections présidentielles (REUTERS/ARCHIVO)

Les États-Unis, l'Union Européenne et plusieurs pays d'Amérique Latine ne reconnaissent pas la réélection de Maduro, mais ont été prudents dans l'utilisation du terme « président élu » pour González Urrutia, également recherché.

En Europe, par exemple, les pays s'accordent à ne pas reconnaître la victoire électorale proclamée de Maduro, mais sans parvenir à l'unanimité pour attribuer la victoire électorale à l'opposition.

Un précédent qui inquiète, la large reconnaissance qu'a obtenue Juan Guaidó comme « président intérimaire » en 2019, après la première réélection de Maduro l'année précédente : le dirigeant -aujourd'hui en exil- a reçu le contrôle de vastes ressources à l'étranger, mais n'a jamais réussi à contrôler le pouvoir réel et encore moins à provoquer la chute du dirigeant de gauche. Disparu quatre ans plus tard.

Les États-Unis ont alors lancé une série de sanctions contre Venezuela, y compris un embargo pétrolier qui a été assoupli ces dernières années.

Avec le scénario électoral actuel, Washington a déclaré qu'il pèse des « options » contre Maduro.

Pendant ce temps, les efforts du Brésil et de la Colombie pour parvenir à une solution pacifique s'amenuisent. Le ministre de l'Intérieur, le puissant dirigeant Diosdado Cabello, a démenti une réunion entre Maduro et les présidents de ces pays pour médiatiser la crise.

« Justice par soi-même »

La proclamation de Maduro comme gagnant a déclenché des manifestations à travers le pays qui ont fait 27 morts, 192 blessés et 2.400 détenus, dont plus d'une centaine de mineurs, bien que 86 adolescents aient déjà été libérés sous des mesures cautelaires.

Les États-Unis, l'Union Européenne et plusieurs pays d'Amérique Latine ne reconnaissent pas la réélection de Maduro (EFE/ARCHIVO)

Le président blâme la violence sur Machado et González et a demandé la prison pour les deux.

« Il faut comprendre la nature du régime », a conclu Machado. « Maduro pense qu'il peut tuer des gens, faire disparaître des gens, arrêter des gens sans que rien se passe (...). Il doit rendre des comptes pour les crimes qu'il a commis », et il doit comprendre que le monde ne se contentera pas de regarder de l'autre côté, comme c'était le cas avant. »

La Cours Pénale Internationale a ouvert une enquête contre Venezuela pour de possibles crimes contre l'humanité après la répression des manifestations en 2017.

Pendant ce temps, les autorités sont à la recherche de González Urrutia, recherché par la justice pour « désobéissance aux lois », « conspiration », « usurpation de fonctions » et « sabotage ».

Le mandat d'arrêt à son encontre a également été condamné au niveau international.

Le centre de l'enquête est un site web que l'opposition dirigée par Machado a alimenté avec des copies de plus de 80 % des procès-verbaux de vote qui, selon eux, sert de preuve pour démontrer une victoire écrasante de leur candidat.

« Le Parquet confirme la citation ou le mandat d'arrêt en cours contre M. González Urrutia pour être interviewé et confirme qu'il est demandé, qu'il doit se présenter et se conformer à la loi », a réitéré le procureur général, Tarek William Saab, lors d'une conférence de presse ce jeudi.

La réélection frauduleuse de Nicolás Maduro a déclenché de graves inquiétudes et des affrontements au Venezuela (AP/ARCHIVO)

Son avocat José Vicente Haro a rencontré la veille Saab, à qui il a remis un écrit justifiant son absence.

« D'après les déclarations d'aujourd'hui du procureur, il est clair qu'Edmundo González Urrutia ne bénéficie pas de garanties constitutionnelles suffisantes pour se rendre au Parquet », a déclaré Haro à la presse ce jeudi.

« En général, ce que l'on cherche avec cette enquête (...) est de sortir Edmundo González Urrutia du jeu à travers un procès pénal afin qu'il ne puisse pas faire valoir les résultats qui se reflètent dans les procès-verbaux de décompte », a ajouté l'avocat.

Saab a pour sa part déclaré : « il se déclare juge et fait justice par soi-même et déclare qu'il est innocent... et ce qui est plus grave, il annonce qu'il va continuer à désobéir ».

(AFP)