L'organisation à laquelle appartient Juan Manuel Santos a demandé qu'une commission indépendante enquête sur les élections au Venezuela.

Publié le 05.09.2024
Juan Manuel Santos a été critique concernant les prétendues incohérences dans les élections au Venezuela - crédit Ailen Díaz/EFE

The Elders, groupe incluant l'ancien président de la République Juan Manuel Santos, a fait un dur communiqué le mercredi 4 septembre contre le régime de Nicolás Maduro au Venezuela et a demandé qu'une commission indépendante soutenue par l'Organisation des Nations Unies (ONU) enquête sur les élections qui se sont déroulées dans le pays voisin, le 28 juillet, où le dictateur a été déclaré vainqueur.

Dans sa communication, soutenue par l'ex-chef d'État colombien, qui fait partie depuis 2019 du prestigieux groupe de dirigeants mondiaux, il a demandé au secrétaire général de l'organisme, António Guterres, de mener une série de recommandations “sur la voie à suivre” face à ce qui serait une alerte de fraude, au détriment du candidat d'opposition Edmundo González Urrutia, pour lequel la Procureure générale du pays voisin a émis un ordre d'arrestation.

“The Elders condamne la répression généralisée et les violations des droits de l'homme des derniers mois, qui ont laissé des dizaines de morts et des milliers d'arrestations”, a précisé cette association, qui a exigé que la commission proposée puisse examiner les preuves qui “apportent toutes les parties pertinentes”; ce qui représenterait, de son point de vue, un pas important pour restaurer la démocratie et l'État de droit au Venezuela.

Edmundo González Urrutia est en clandestinité, après l'ordre d'arrestation émis contre lui - crédit Rayner Peña R./EFE

Pour l'organisation, il est préoccupant que tant González Urrutia que la dirigeante des partis d'opposition María Corina Machado aient été contraints de se cacher par peur de la répression du régime, tandis que leurs camarades de parti ont été agressés et attaqués. Cette situation s'est aggravée après que le lundi 2 septembre, le Procureur général Tarek William Saab a présenté un ordre d'arrestation contre González.

Cette mesure est illégale et rappelle des dictatures antérieures qui ont marqué l'histoire de l'Amérique latine”, a affirmé The Elders, remettant en question les crimes reprochés au candidat d'opposition, accusé d'usurpation, de falsification, d'incitation et de sabotage. Pour cette raison, dans un autre passage de sa demande, il a demandé à Maduro de faciliter les procès-verbaux de dépouillement afin de permettre “une vérification transparente du résultat”.

The Elders a reconnu l'intervention de la Colombie et du Brésil, bien qu'ils aillent au-delà

De son côté, ils ont rappelé comment les pays voisins de la région, dont la Colombie et le Brésil, qui comptent deux des dirigeants jugés alliés du régime, comme Gustavo Petro et Lula da Silva, ont également pressé le dictateur de respecter cette exigence afin de reconnaître, le cas échéant, sa victoire ; qui reste non validée par des preuves prouvant son succès aux urnes, lors du scrutin qui s'est déroulé il y a plus d'un mois.

Juan Manuel Santos aux côtés de plusieurs leaders de The Elders, groupe qui a demandé de l'aide à l'ONU sur le Venezuela - crédit @JuanManSantos/X

Le refus persistant de Maduro de rendre publics les procès-verbaux de dépouillement suggère qu'il cherche à maintenir son pouvoir à tout prix, au mépris de la volonté démocratique du peuple vénézuélien”, a précisé l'association, qui a dans Santos, prix Nobel de la paix en 2016 pour l'accord signé avec les ex-Farc pour la fin du conflit, l'un de ses plus célèbres représentants au niveau mondial.

The Elders compte parmi ses membres l'ancien président américain Jimmy Carter, l'ex-président chilien Ricardo Lagos, l'ancêtre mexicain Ernesto Zedillo, entre autres personnalités. Et dans le passé, elle a eu comme membres le célèbre leader Nelson Mandela et le prêtre Desmond Tutu, tous deux sud-africains, ainsi que l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, déjà décédé.

“Tous les États doivent adhérer aux normes les plus strictes de transparence et de responsabilité électorale, et les gouvernants doivent respecter les résultats, quels qu'ils soient. Le régime de Maduro ne doit pas être exempté de cette obligation”, a souligné l'association, en insistant sur le fait que ce sera au monde de “tirer ses propres conclusions”, concernant la manière dont les acteurs nationaux répondent à cette crise sociale.