Pérez Giménez, Perón et Maduro, histoires croisées

Publié le 21.08.2024
- La líder opositora de Venezuela María Corina Machado assiste à une manifestation en rejet des résultats officiels des élections présidentielles - qui donnent la victoire au président Nicolás Maduro - à Caracas (Venezuela). EFE/ Ronald Peña R.

L'Histoire ne se répète jamais, mais, bien souvent, elle a tendance à se ressembler. Le 24 novembre 1948, un coup d'État militaire a renversé le Président démocratique du Venezuela, Rómulo Gallegos. Une Junte militaire a exercé le pouvoir, et l'un de ses membres était le Général Marcos Pérez Jiménez.

En 1952, lors d'élections d'une légalité douteuse, Pérez Jiménez est "élu" Président, mais il n'y avait aucun doute, ni au Venezuela ni dans le reste du monde, que ce qui s'y passait était une Classique Dictature Militaire. Son régime était un mélange de Capitalisme d'État, Développement industrialiste et Nationalisme Anti-Impérialiste (formule "Classique" à cette époque, en particulier en Amérique Latine).

En décembre 1957, Pérez Jiménez répète une farce électorale et se proclame vainqueur. L'opposition démocratique se jette dans les rues et le 21 janvier 1958 une grève générale est déclarée, provoquant la chute de Pérez Jiménez, sa démission et sa fuite en avion présidentiel (populairement appelé "la vache sacrée"), le 23 janvier 1958, après 39 jours de résistance populaire.

Tout d'abord, il se rend en République Dominicaine, où il est accueilli par son ami, le dictateur Rafael Trujillo, puis il est accueilli par Francisco Franco en Espagne. Il y mourra, à l'âge de 87 ans, en 2001, dans l'exil doré classique des dictateurs corrompus.

Entre-temps, des temps turbulents se déroulaient en République Argentine. Le Général Juan Domingo Perón a été destitué par un coup d'État militaire le 16 septembre 1955 et le 9 octobre, il est parti en exil, d'abord en Paraguay, puis à Panama et au Nicaragua, arrivant à Caracas le 10 août 1956, accompagné de sa nouvelle épouse, Isabelita, et de ses secrétaires, le journaliste Américo Barrios et le présentateur Roberto Galán.

En 1957, Perón a subi deux attentats contre sa vie, et le renversement de Pérez Jiménez préfigurait de nouveaux risques. Les nouvelles autorités provisoires ont autorisé son départ vers la République Dominicaine, où il arriverait quelques jours après le dictateur vénézuélien, et ensuite il répliquerait aussi sa sortie vers Espagne, destination finale de son long exil de 18 ans.

Aujourd'hui, nous sommes à peine à 20 jours des élections du 28 juillet 2024, que le dictateur Nicolás Maduro a perdu d'environ 30 points, qui, en imitant Pérez Jiménez, s'est autoproclamé vainqueur. Entre les années 50 et 70, de nombreuses dictatures latino-américaines se proclamaient "anti-communistes" pour obtenir le soutien des États-Unis.

Aujourd'hui, bien que beaucoup moins, elles se proclament "Anti-américaines" pour pouvoir s'appuyer sur la Chine, la Russie, Cuba et l'Iran.

Les clairs-obscurs de l'Histoire qui tourne comme une toupie, mais qui nous laisse un enseignement : lorsque la volonté d'un peuple se structure derrière un leadership unique, il n'y a ni menaces ni intimidation qui puisse l'arrêter...

Le Venezuela sera libre très bientôt et la dictature chaviste restera ensevelie comme un mauvais souvenir.