Petro a envoyé une réponse ferme à Daniel Ortega au Nicaragua : "Je ne traîne pas les droits humains de mon pays et encore moins ceux de mes compagnons d'armes."

Publié le 27.08.2024
Les discours lors du forum régional ont souligné l'intervention inadéquate dans les affaires vénézuéliennes, avec des accusations qui ont ravivé les divisions politiques en Amérique latine - Crédit Carlos Ortega / EFE

Daniel Ortega, président du Nicaragua, a vivement critiqué ses homologues de Colombie, Gustavo Petro, et du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva.

Lors de son intervention à la XIe Sommet extraordinaire de l'ALBA-TCP, Ortega s'en est pris aux présidents pour ne pas reconnaître les résultats des élections présidentielles au Venezuela, où le Conseil national électoral (CNE) a proclamé vainqueur Nicolás Maduro lors des élections du 28 juillet dernier.

Gustavo Petro, pour sa part, a répondu aux accusations à travers ses réseaux sociaux, affirmant que “je ne traîne pas les droits humains du peuple de mon pays”. De plus, il a défendu la décision de rechercher une solution négociée, pacifique et démocratique pour le Venezuela, justifiant ainsi son refus de reconnaître les résultats électoraux proclamés par le Conseil national électoral du pays voisin.

Voici comment Gustavo Petro a répondu aux accusations de Daniel Ortega - Crédit capture d'écran X

“Daniel Ortega nous a appelés 'traînés', juste parce que nous voulons une solution négociée, pacifique et démocratique au Venezuela. Une telle insulte me permet de lui répondre : Au moins, je ne traîne pas les droits humains du peuple de mon pays, et encore moins ceux de mes camarades d'armes et de lutte contre les dictatures”, a déclaré le président colombien.

Dans son discours, Ortega a exprimé que le refus de Petro et Lula de soutenir la victoire de Maduro représente, selon lui, une ingérence dans les affaires internes du Venezuela, ce qu'il a qualifié d'inacceptable, selon les rapports de plusieurs médias.

Ortega n'a pas seulement remis en question cette position, mais a également suggéré que Petro tente de rivaliser avec Lula da Silva pour le leadership régional. Il a également accusé le président colombien d'être un représentant des intérêts américains en Amérique latine.

“Pauvre Petro, je le vois comme un concurrent de Lula pour savoir qui sera le leader représentant les yankees en Amérique latine. Le pauvre Petro n'a pas la force que possède le Brésil. Le géant d'Amérique latine. Mais avec ce gouvernement qu'il a, celui de Lula, ce n'est pas un géant, eh bien, c'est Goliath voulant écraser David”, a indiqué Ortega.

Le président du Nicaragua, qui figure parmi les dirigeants ayant assisté virtuellement à l'événement, a intensifié ses critiques en insinuant des insuffisances dans les politiques de Lula, qu'il a critiqué pour ne pas utiliser sa position géographique et son influence pour soutenir ce qu'il considère comme une cause juste dans le cas vénézuélien.

Le président nicaraguayen a accusé son homologue brésilien de trahir le mouvement progressiste et a déploré que le Brésil, malgré sa taille et son importance dans la région, ne fournisse pas le soutien nécessaire.

Ces reproches et déclarations diffusés massivement sur les réseaux sociaux et d'autres médias latino-américains reflètent un climat de division politique dans la région.

Le Sommet de l'ALBA-TCP a eu lieu à un moment difficile pour l'organisation, qui cherchait à présenter un front uni face aux défis politiques et économiques internes. L'insistance d'Ortega à défendre ce qu'il considère comme une “victoire incontestable” de Maduro contraste fortement avec la position de Petro et Lula, qui soutiennent que le processus électoral vénézuélien manquait des garanties nécessaires pour être considéré comme légitime.

Les réactions d'Ortega ont suscité un vif émoi et ont mis en évidence le climat de polarisation existant entre les différents projets politiques en Amérique latine. Les implications de ces désaccords s'étendent à la stabilité et à la coopération régionale, affectant les modalités d'interaction et de collaboration entre les pays membres de l'ALBA-TCP.

Daniel Ortega, chef du régime, s'est attaqué aux dirigeants du Brésil et de la Colombie pour leur position sur le Venezuela - Crédit Colprensa - EFE

Ortega a à maintes reprises souligné le manque de soutien explicite de ses homologues au gouvernement de Maduro et a insisté sur le fait que de telles attitudes accentuent les divisions régionales et favorisent l’instabilité. En résumé, le sommet a été le théâtre de profondes divergences et de questions sur la direction politique de la région et le rôle que chaque pays doit jouer dans la gouvernance régionale.

À travers un communiqué commun, les deux gouvernements mentionnés, Brésil et Colombie, ont déclaré : “Les deux présidents restent convaincus que la crédibilité du processus électoral ne pourra être rétablie que par la publication transparente de données détaillées et vérifiables. La normalisation politique du Venezuela nécessite la reconnaissance qu'il n'existe pas d'alternative durable au dialogue pacifique et à la coexistence démocratique dans la diversité.”