Un ancien ambassadeur critique la médiation au Venezuela et avertit des risques pour la Colombie : « Il n'y a pas eu de consultation ni de concertation ».

Publié le 17.08.2024
Selon Londoño, les relations entre le Venezuela et la Colombie sont fondamentales pour le pays compte tenu de la vaste frontière qu'ils partagent - crédit Mariscal/EFE

Julio Londoño Paredes, ancien ministre des Affaires étrangères de Colombie et ancien ambassadeur auprès d'organismes tels que l'ONU et l'OEA, a exprimé des réserves concernant la proposition des présidents Gustavo Petro et Luiz Inácio Lula da Silva d'organiser de nouvelles élections au Venezuela. Dans une interview avec La FM, Londoño a souligné les considérations stratégiques que cette mesure aurait pour la Colombie, notamment en raison de la vaste frontière partagée entre les deux pays.

L'ancien diplomate a déclaré que tout changement significatif au Venezuela aurait un impact direct sur la Colombie, distinguant sa situation de celle d'autres pays comme le Mexique et le Brésil. “La Colombie, contrairement au Mexique et au Brésil, a des intérêts stratégiques car elle a des frontières ouvertes avec le Venezuela et le pays le plus touché à un moment donné par toute décision prise est la Colombie”, a expliqué Londoño.

À son avis, l'initiative de Petro manque de la consultation et de la concertation appropriées avec les parties impliquées dans la crise vénézuélienne. “Il est surprenant qu'une médiation aussi souvent mentionnée n'ait pas été consultée avec les deux parties, car apparemment il n'y a eu ni concertation ni consultation de l'aucune des deux parties”, a-t-il souligné.

Londoño Paredes a également exprimé son scepticisme quant au panorama politique au Venezuela, soulignant la force que maintient encore le régime de Nicolás Maduro grâce au soutien des forces militaires. Selon Londoño, tant que l'armée et les forces militaires du Venezuela continuent de soutenir Maduro, tout essai de changement dans le pays fera face à de sérieux obstacles.

Selon l'ancien ambassadeur, la Colombie doit être très prudente dans la gestion de la situation avec le Venezuela - crédit Colprensa

L'ancien ministre avertit que la situation présente des complexités spécifiques pour la Colombie qui doivent être gérées avec une grande précaution. “Petro est dans une situation très compliquée qu'il doit résoudre avec beaucoup de tact”, a conclu Londoño, ajoutant que les propositions actuelles ne sont pas adéquates compte tenu de la conjoncture vénézuélienne.

Les déclarations de Londoño Paredes soulignent l'importance d'une stratégie diplomatique qui considère pleinement les réalités et sensibilités des acteurs impliqués, en particulier dans un contexte aussi volatile et ayant un grand impact régional que celui du Venezuela.

La proposition de Petro et Lula

Le dimanche 28 juillet 2024, des élections ont eu lieu au Venezuela, un événement qui a ravivé la crise politique dans le pays et suscité diverses propositions internationales pour y faire face en raison des irrégularités observées lors de la publication des résultats des élections. Parmi les idées proposées, celles des présidents de Colombie, Gustavo Petro, et du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, se distinguent.

Gustavo Petro suggère la création d'un "front national", inspiré du modèle colombien en vigueur entre 1958 et 1974, lorsque les partis libéral et conservateur alternaient au pouvoir. L'objectif est de diminuer la polarisation et de promouvoir une transition pacifique au Venezuela. De plus, Petro a proposé la tenue de nouvelles élections libres et transparentes comme une étape cruciale pour légitimer un nouveau gouvernement.

De son côté, Luiz Inácio Lula da Silva a proposé la formation d'un gouvernement de coalition qui inclurait à la fois des membres du chavisme et de l'opposition. Cette approche vise à ouvrir des espaces de dialogue et à réduire la polarisation politique au Venezuela. À l'instar de Petro, Lula a ajouté la nécessité de tenir de nouvelles élections pour obtenir le soutien démocratique d'un nouveau gouvernement.

Les présidents de Colombie et du Brésil ont proposé des alternatives pour aider à résoudre la situation au Venezuela - crédit André Borges/Mauricio Dueñas Castañeda/EFE

Les propositions des deux dirigeants ont suscité des réactions variées. La dirigeante de l'opposition, María Corina Machado, a rejeté les idées de nouvelles élections et d'un gouvernement de coalition, arguant que les précédentes élections étaient frauduleuses et que la volonté du peuple vénézuélien devait être respectée. Jusqu'à présent, il n'y a pas eu de réponse officielle du régime de Nicolás Maduro à ces initiatives, bien qu'il soit prévu que toute solution rencontrera des résistances en raison de la situation politique complexe du pays et de la difficulté à dialoguer avec le soi-disant dictateur.

Au niveau international, ces propositions ont provoqué diverses réactions. Alors que certains pays soutiennent les efforts de médiation, d'autres expriment leur scepticisme quant à la viabilité des solutions proposées. Les idées de Petro et Lula reflètent des tentatives de trouver une sortie pacifique et démocratique à la crise au Venezuela, bien que leur mise en œuvre soit confrontée à des défis significatifs compte tenu de la dynamique politique actuelle.