L'Uruguay demande de maintenir la pression internationale contre le Venezuela afin qu'un "chemin vers la démocratie" apparaisse.

Publié le 28.08.2024
Omar Paganini, ministre des Relations Extérieures de l'Uruguay (EFE/ Federico Gutiérrez)

À peine le Conseil National Électoral (CNE) du Venezuela a-t-il annoncé les résultats des élections du 28 juillet que le gouvernement uruguayen l'a qualifié de fraude. “¡Así no!”, a écrit le président Luis Lacalle Pou dès le lundi matin. Au fil des semaines, le Ministère des Affaires Étrangères insiste pour continuer à exercer une “pression internationale” afin que le pays se dirige vers une démocratie.

“La région est très préoccupée par tout ce qui se passe au Venezuela. Nous avons vu de nombreux pays publier une déclaration conjointe concernant cette histoire où le dictateur Maduro a tenté de légitimer l'élection avec le Tribunal Suprême Judiciaire, qui n'a aucune validité car ils n'ont prouvé aucune preuve”, a déclaré le ministre des Relations Étrangères uruguayen, Omar Paganini, à Canal 10.

Le ministre a également fait référence à la demande du Brésil et de la Colombie pour que Maduro “montre les preuves” de son supposé triomphe aux élections.

Le président de l'Uruguay, Luis Lacalle Pou, s'exprime devant l'Assemblée Générale des Nations Unies à New York (EFE/EPA/Justin Lane)

Le régime est très isolé. La pression internationale doit se maintenir pour qu'un chemin vers la démocratie émerge”, a déclaré Paganini.

Pour le ministre uruguayen, lors de l'Assemblée Générale des Nations Unies (ONU) de septembre, il pourrait y avoir “de bonnes opportunités pour continuer à dire au régime de Maduro qu'il doit ouvrir un chemin vers la démocratie, ce qui implique une sortie”.

Dans le même sens s'est exprimé il y a quelques jours le président Lacalle Pou. “Je pense que c'est une opportunité où se trouvent 150 ou 160 chefs d'État pour exercer une pression importante sur ce qui a clairement été une fraude électorale”, a déclaré le mandaté lors d'une conférence de presse.

Lacalle Pou a assuré qu'à l'Assemblée de l'ONU, il y a des chances que plus de pays se joignent à la condamnation du Venezuela et souhaite que la liste s'allonge “jusqu'à ce que le régime reste seul, comme il aurait dû l'être”.

L'Assemblée Générale de l'ONU à New York est une opportunité pour continuer la pression internationale sur le Venezuela, estime l'Uruguay (EFE/ Ángel Colmenares)

Le président uruguayen a également rejeté la proposition formulée par le Brésilien Celso Amorín, conseiller de Lula da Silva, de réorganiser des élections. “Ce n'est ni juste ni logique de refaire les élections. Jusqu'à quand devrions-nous les faire? Jusqu'à ce que gagne celui qu'ils veulent qu'il gagne? Ou les candidats qu'ils veulent qu'ils gagnent? Ce qu'il faut faire, c'est compter les voix. Il n'y a aucune volonté de compter les voix. Je crois qu'il n'y en a jamais eu”, a-t-il souligné.

Lacalle Pou a déclaré qu'il ne savait pas s'il y avait une sortie proche à la crise politique au Venezuela et a indiqué que son gouvernement n'avait d'autre alternative que “de faire entendre sa voix”. “L'Uruguay ne sera pas celui qui fera plier le destin d'une dictature. Oui, je crois que la communauté internationale le fera. Ce qui est bon, c'est que plus de pays se sont joints”, a soutenu le président.

Paganini, pour sa part, a déclaré que le régime de Maduro montre qu'il n'envisage pas de changer d'avis. “Il fuit en avant et ferme des portes, mais nous voyons aussi à quel point la population vénézuélienne est très mobilisée pacifiquement, demandant la démocratie. (Nous voyons) comme chaque week-end il y a de grandes mobilisations. Nous espérons, donc, qu'il arrive à la raison et qu'il ouvre un chemin vers la démocratie, une sortie pacifique, mais une sortie vers la liberté”, a déclaré le ministre.

Le ministre des Relations Étrangères de l'Uruguay, Omar Paganini, assure que le dictateur Maduro est isolé (EFE/Raúl Martínez)

Dans la politique interne uruguayenne, une polémique a émergé autour de la présence de Lacalle Pou à l'Assemblée de l'ONU. “Tiembla Maduro, eh”, a ironisé le candidat à la présidence du Frente Amplio, Yamandú Orsi, lorsqu'on lui a demandé son avis sur les critiques du président. “Ceux qui vont décider de ce qui se passe au Venezuela sont des tigres, là-bas il y a des intérêts des monstres les plus monstrueux du monde : Russie, Turquie, États-Unis, Iran. Peut-être qu'ils écoutent ce que nous disons en tant que pays, peut-être qu'ils sont émus. J'en doute”, a assuré le candidat de la gauche. “Ça n'a rien à voir avec ce que je pense sur l'élection au Venezuela, qui, pour moi, a été un désastre”, a-t-il clarifié.

Le ministre Paganini a répondu à Orsi via le réseau social X. “Lorsque nous avons dû subir la dictature, nous avons apprécié que des dirigeants démocratiques expriment leur solidarité et demandent liberté et droits de l'Homme. Aujourd'hui, il nous est difficile de comprendre qu'un candidat à la présidence ne condamne pas le régime de Maduro et méprise ceux qui le dénoncent”, a-t-il écrit.