Visite polémique du vice-chancelier de Colombie à Caracas : il a affirmé que le Venezuela de Maduro “est notre allié stratégique”.

Publié le 10.09.2024
Le vice-chancelier Rojas a rencontré le chancelier vénézuélien, Yván Gil - crédit @EmbVeColombia/X

Plus de 800 millions de dollars d'échanges commerciaux ont été générés entre la Colombie et le Venezuela depuis le début de l'année, comme l'a souligné le vice-ministre colombien des Relations extérieures, Jorge Rojas Rodríguez, lors d'une réunion à Caracas. Cette rencontre, qui a eu lieu le lundi 9 septembre, a été centrée sur l'évaluation des progrès et la discussion de projets économiques, a indiqué le chancelier vénézuélien, Yván Gil.

Lors de la réunion, à laquelle a également assisté l'ambassadeur colombien à Caracas, Milton Rengifo, les fonctionnaires ont analysé l'état des relations bilatérales depuis leur réouverture sous l'administration de Gustavo Petro. "Nous avons analysé l'état des relations, en particulier la question économique, commerciale, les échanges, les projets futurs et nous avons passé en revue toute l'agenda de coopération", a déclaré Gil.

Un aspect crucial des discussions a été le tourisme binational, identifié comme un pilier fondamental dans la croissance des relations commerciales entre les deux pays. Gil a souligné l'importance de cette activité comme un moteur de développement pour les deux côtés de la frontière.

Rojas Rodríguez a indiqué qu'il était prévu que les échanges commerciaux dépassent les 1 000 millions de dollars avant la fin de l'année. Cette donnée montre le dynamisme qui a caractérisé la relation entre les deux pays depuis sa rénovation.

"Nous sommes venus pour renforcer la relation bilatérale et les mécanismes de la commission de voisinage (...) La politique de bonne voisinage se poursuit avec le Venezuela, qui est notre allié stratégique pour favoriser l'intégration", a indiqué le vice-chancelier.

Selon le vice-chancelier, l'objectif est de renforcer les relations entre la Colombie et le Venezuela - crédit Colprensa

Lors de la rencontre, le vice-ministre Rojas a également remercié le Venezuela pour sa contribution à la construction de la paix politique en Colombie. "Le Venezuela, dans son autonomie et sa souveraineté, peut compter sur la Colombie pour avancer vers la paix politique, la démocratie et le plein respect des droits humains dans toute la région, ce qui est un engagement de nos valeurs qui nous identifient", a affirmé Rojas.

Pour sa part, l'ambassadeur Rengifo a partagé des détails sur le commerce transfrontalier, indiquant que plus de 1 500 camions de fret ont traversé la frontière entre les deux pays et que les investissements colombiens au Venezuela continuent d'augmenter.

Les clarifications du vice-chancelier

Selon El Tiempo, Rojas a clarifié qu'il ne s'agissait pas d'une reconnaissance de la réélection de Nicolás Maduro, dont le mandat actuel dure jusqu'au 10 janvier 2025. Au cours de sa visite, des sujets tels que la régularisation des Colombiens au Venezuela, le retour volontaire des Vénézuéliens dans leur pays, et l'ouverture totale des ponts frontaliers pour la libre circulation des marchandises ont été abordés.

Certains ont vu la visite de Rojas comme une forme de légitimation de Maduro - crédit Zurimar Campos/ Prensa de Miraflores/EFE

Cependant, la visite a suscité la controverse en Colombie. Des secteurs de l'opposition l'ont interprétée comme un possible soutien au gouvernement de Maduro, à la lumière des indices sérieux de fraude électorale lors de sa réélection. L'absence du thème électoral dans la déclaration conjointe du vice-chancelier a suscité des réactions.

Manuel Alejandro Rayran, professeur à l'Université Externado, a signalé dans le média mentionné que ce type de rencontres peut être considéré comme une légitimation du régime de Maduro, bien qu'il ait reconnu la nécessité de maintenir des canaux commerciaux actifs entre les pays. Pour sa part, Juan Nicolás Garzón, de l'Université de la Sabana, a exprimé que la visite envoie un message de normalisation des relations malgré la complexité de la situation politique au Venezuela.

Rojas a défendu sa visite en parlant de la priorité d'améliorer les conditions de vie aux frontières et d'assurer une intégration effective dans la région. Selon lui, les points abordés comprenaient la commission de voisinage et d'intégration qui se tiendra en novembre, et la validation des diplômes universitaires entre les deux pays.

L'arrivée de Rojas à Caracas coïncidait avec la nouvelle de l'exil d'Edmundo González, rival de Maduro lors des récentes élections, qui a été contraint d'abandonner le pays en raison de la persécution judiciaire. Cet événement a ajouté une tension à la perception publique de la visite, augmentant les critiques internes.

La visite a eu lieu après qu'Edmundo González ait fui en exil en Espagne - crédit Rayner Peña/EFE

Les analystes en relations internationales, comme les déjà mentionnés Rayran et Garzón, s'accordent à dire que la Colombie doit clarifier sa position face à la crise électorale vénézuélienne pour éviter des malentendus pouvant être interprétés comme une validation du régime de Maduro. Malgré cela, les deux experts reconnaissent la position complexe de la Colombie en raison de la migration et de la relation de voisinage avec le Venezuela.

Rojas a réaffirmé que sa visite ne cherche pas à reconnaître la victoire de Maduro, mais à renforcer la coopération sur des sujets vitaux pour les deux nations. Avec cela, il a cherché à dissiper les critiques et à se concentrer sur la nécessité de travailler ensemble pour améliorer la qualité de vie dans les régions frontalières.