Borrell a souligné le "rôle crucial" du Brésil, de la Colombie et du Mexique dans la crise électorale du Venezuela après la fraude de Maduro.

Publié le 10.08.2024
Josep Borrell, Haut Représentant de l'Union Européenne pour les Affaires Étrangères et la Politique de Sécurité (EFE)

Borrell, qui cite l'opposition vénézuélienne et le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, parmi ses interlocuteurs, attend une "transparence" de la part du régime chaviste de Nicolás Maduro, ce qui passe à son avis par la publication des procès-verbaux des élections par le Conseil National Électoral (CNE) vénézuélien et par une "vérification indépendante".

Ainsi, il a exhorté les autorités vénézuéliennes à garantir le respect des Droits de l'Homme et à mettre fin "immédiatement" aux détentions "arbitraires" et à la répression contre les membres de l'opposition et de la société civile. "Nous réitérons notre appel à la libération immédiate des prisonniers politiques", a-t-il revendiqué sur les réseaux sociaux.

Le CNE a proclamé la victoire de Nicolás Maduro en lui accordant près de 52 % des voix, mais l'opposition et une grande partie de la communauté internationale ont remis en question la version officielle et ont désigné comme véritable vainqueur Edmundo González Urrutia, principal candidat alternatif au chavisme.

Maduro a déclaré ce vendredi qu'il envisage de discuter avec Lula, López Obrador et Petro pour aborder la crise post-électorale (EFE/Prensa Miraflores)

Le Brésil, la Colombie et le Mexique ont réitéré jeudi leur appel à l'autorité électorale du Venezuela pour qu'elle publie les procès-verbaux des élections contestées. Les États-Unis, l'Union européenne et d'autres pays d'Amérique latine ont également demandé la publication des procès-verbaux.

Maduro a fait appel à la Cour Suprême de Justice (TSJ), accusée de servir le chavisme, pour lui demander de "certifier" l'élection par le biais d'un processus que des universitaires et des dirigeants politiques considèrent comme inapproprié.

Les gouvernements de Lula da Silva, Gustavo Petro et Andrés Manuel López Obrador font des efforts diplomatiques pour rechercher des solutions à la crise qui a éclaté après les élections et ce jeudi ils ont déclaré tenir compte du processus au TSJ, bien qu'ils aient indiqué qu'ils "partent du principe que le CNE est l'organe qui, par mandat légal, a la responsabilité de la divulgation transparente des résultats électoraux", selon un communiqué conjoint.

La cour a entamé la procédure mercredi et a convoqué les candidats et des représentants de partis politiques, mais González Urrutia a défié la convocation en alléguant "une vulnérabilité absolue en raison de l'impuissance et de la violation du procès équitable". Le TSJ a averti que l'absence "entraînera des conséquences" juridiques.

Les présidents Lula da Silva (Brésil), Gustavo Petro (Colombie) et Andrés Manuel López Obrador (Mexique)

Aux appels à la publication des procès-verbaux, s'ajoutent également des dénonciations d'une escalade répressive contre les opposants qui a conduit à l'arrestation de plus d'une centaine d'activistes. Jeudi, les arrestations des anciens députés Américo De Grazia et Williams Dávila ont été dénoncées. Tant González Urrutia que Machado ont limité leurs apparitions publiques. Maduro a demandé des peines de prison pour les deux, et la dirigeante de l'opposition a même déclaré qu'elle craint pour sa vie.

Les États-Unis, cependant, ont averti Maduro de la pression internationale "qu'on ne pourrait imaginer" si Machado et González Urrutia étaient arrêtés. "Je pense que ce serait un pas qui pourrait mobiliser encore davantage la communauté internationale, même ceux qui, d'une certaine manière, sympathisent et ne veulent pas trop agiter les choses au Venezuela", a déclaré l'ambassadeur des États-Unis auprès de l'OEA, Francisco Mora, lors du Atlantic Council.

Washington n'a pas encore pris de mesures concrètes contre Caracas et, selon Mora, le gouvernement de Joe Biden veut donner de l'espace au Brésil, à la Colombie et au Mexique pour qu'ils puissent "travailler et trouver un moyen d'avancer".

Machado a également accordé un vote de confiance aux efforts de ces trois pays, car elle a assuré qu'elle ne rejette pas la possibilité qu'ils parviennent à établir une solution "effective" pour le Venezuela à travers une négociation.

(Avec des informations de l'AFP et de l'EP)