Clés pour comprendre le débarquement du Groupe Wagner au Venezuela

Publié le 07.08.2024
Members of the private military contractor Wagner Group sitting in a vehicle in Rostov-on-Don, Russia (AP Photo, File)

Le Groupe Wagner, fondé par Yevgeny Prigozhin et Dmitry Utkin en 2014, s'est installé au Venezuela, annonçant ainsi que la Russie fournira un soutien informationnel, logistique et militaire au régime illégitime de Nicolás Maduro. Ses effectifs ont participé aux missions répressives déclenchées contre des manifestants pacifiques par le régime vénézuélien à la suite de son échec électoral du 28 juillet.

Ce groupe créé comme corps militaire “privé” a pour objectif fondamental de permettre à la Russie d'intervenir militairement dans des pays et régions d'intérêt géopolitique sans avoir à engager ses ressources matérielles et à faire face au rejet mondial ou aux accusations de violation du droit international.

Ce mercenaire a permis à la Russie d'intervenir en Syrie sans laisser de traces de sa présence et, par conséquent, de ne pas affronter les sanctions internationales lorsque Wagner a utilisé des armes chimiques interdites par les Nations Unies contre la population civile.

Depuis sa création, le Groupe Wagner porte l'empreinte de Vladimir Poutine. Son talent géopolitique, associé à sa connaissance de l'espionnage et des tactiques répressives, l'a conduit à la conclusion qu'une bande de mercenaires bénéficiant du soutien des réseaux de renseignement et d'espionnage des forces armées de Russie pourrait constituer le complément parfait de ses plans d'expansion géopolitique.

Pour lui, il était nécessaire de reconstituer la carte de pénétration du Sud Global qui prévalait durant l'existence de l'Union soviétique. Cette carte accordait la priorité à deux régions : L'Afrique et le Moyen-Orient.

Le président russe, Vladimir Poutine (Europa Press/Contacto/Alexander Kazakov)

L'Afrique représente un canal pour influencer la politique européenne puisque les matières premières avec lesquelles travaillent les entreprises de cette région sont extraites de ce continent. Le Moyen-Orient constitue le meilleur canal d'échange avec le terrorisme international et, à travers cela, de multiples possibilités s'ouvrent pour exercer des pressions sur l'Europe et les États pétroliers.

La participation du Groupe Wagner à l'invasion de l'Ukraine a facilité l'attaque russe. Car grâce aux violations massives des codes internationaux de guerre et des droits de l'homme qu'il a commises, il a réussi à terroriser la population.

Elle a aussi permis au gouvernement russe de maintenir la répression interne sans avoir à distraire les ressources du déploiement militaire. Ainsi, la Russie a réussi à contrôler ses habitants tout en exécutant une destruction macabre de l'infrastructure vitale de son voisin.

Selon les fondateurs du Groupe Wagner, leur armée aurait détruit l'Ukraine il y a plusieurs mois si ce n'avait été pour l'incompétence de l'armée russe. Ce mécontentement les a poussés à se soulever contre le Kremlin et à se lancer à la prise de Moscou. Sans explication, le soulèvement a été paralysé par Prigozhin et Utkin avant d'atteindre Moscou. Tous deux sont partis pour la Biélorussie et se sont ensuite réunis avec Poutine et des représentants du Kremlin, avant d'embarquer dans l'avion qui les mènerait à la mort.

Des experts en affaires militaires indiquent que la mission du Groupe Wagner est de maintenir le flux de matières premières d'Afrique vers la Russie. Pour cela, il sert de pilier militaire aux plus cruels despotes qui gouvernent au Tchad, en République Centrafricaine, en Libye, au Mali et au Soudan. Et le mode de paiement est la participation à l'exploitation des ressources naturelles.

À la suite du décès de Prigozhin et Utkin, le gouvernement russe a entrepris la restructuration du corps en le renommant Africa Corps. Des sources bien informées affirment que le contrôle de l'ancien Groupe Wagner est alors passé au général russe Andrey Averyanov, chef d'une unité de services secrets spécialisée dans la planification d'assassinats d'ennemis de la Russie, comme ce fut le cas lors de la tentative d'empoisonnement de Sergei Skripal à Salisbury, au Royaume-Uni.

Le débarquement au Venezuela obéit à deux objectifs russes. Le premier est d'empêcher qu'un changement de régime ne les prive des juteuses commandes d'armement de l'armée bolivarienne. Le second est de maintenir en vie le régime de La Havane, en assurant son approvisionnement pétrolier.

Cuba est un pion important dans le jeu d'échecs des services d'espionnage et de mobilisation d'actifs pro-russes aux États-Unis. Certains experts affirment que ces services de surveillance et de formation d'actifs ont beaucoup à voir avec la préparation de l'attaque contre les Tours Jumelles en 2001.

Au Venezuela, l'Africa Corps pourra diriger l'exploitation de l'or, du coltan et d'autres minéraux clés pour l'industrie électronique. Il devra donc faire face à l'ELN, aux FARC dissidentes et à d'autres groupes mafieux. Ce qui ne semble pas poser beaucoup de problèmes pour cet armée privée de soutien à la Russie.