Fraude au Venezuela : des dizaines d'anciens présidents d'Ibero-Amérique ont dénoncé une “vague de répression et d'enlèvements”.

Publié le 10.08.2024
Le président vénézuélien Nicolás Maduro (REUTERS/Leonardo Fernandez Viloria)

Un groupe de 32 anciens chefs de gouvernement a rappelé ce vendredi aux gouvernements de Brésil, Mexique et Colombie que le délai pour que les autorités électorales du Venezuela présentent les procès-verbaux des dernières élections présidentielles a “largement expiré”.

Les anciens dirigeants, qui font partie de l'Initiative démocratique d'Espagne et des Amériques (IDEA), ont également ajouté que ces gouvernements doivent désormais “adopter une position claire et finale face à la tyrannie de Nicolás Maduro Moros”, reconnu comme vainqueur des élections par le Conseil National Électoral du Venezuela (CNE).

Alors que la divulgation des procès-verbaux est retardée, la “vague de répression et d'enlèvements de membres des forces démocratiques, ainsi que de violations généralisées et systématiques des droits de l'homme contre le peuple vénézuélien”, continue dans le pays latino-américain, ont fait valoir les anciens dirigeants.

Manifestation de soutien aux opposants vénézuéliens María Corina Machado et Edmundo González Urrutia (EFE/ Luis Eduardo Noriega Arboleda)

La ONG Provea a dénombré les morts à au moins 24 et les détenus à plus de 2.200 en raison des manifestations contre les résultats des élections du 28 juillet dernier. L'opposition a dénoncé le triomphe du président comme étant le résultat d'une fraude massive et affirme que son candidat, Edmundo González, est le véritable vainqueur.

En même temps, les anciens chefs ont salué les déclarations des ministres des affaires étrangères du Brésil, du Mexique et de la Colombie concernant le devoir du CNE du Venezuela de montrer avec transparence les résultats des élections présidentielles. Après une réunion virtuelle le 7 août dernier, les ministres des trois pays ont jugé fondamental que le CNE, organe à qui il incombe, par mandat légal, la divulgation transparente des procès-verbaux.

Les membres de l'IDEA ont souligné que les ministres des affaires étrangères de ces pays ont déclaré que “le mandat de transparence des procès-verbaux électoraux est un devoir que doit respecter le Pouvoir Électoral et doit être vérifié par une instance impartiale” et non par le Tribunal Suprême de Justice vénézuélien.

Membres de la Garde nationale bolivarienne arrêtant des manifestants lors d'une protestation contre les résultats (EFE/ Manuel Díaz)

Quelques jours auparavant, Nicolás Maduro, que le CNE a déclaré vainqueur avec 51 % des votes face à son opposant Edmundo González Urrutia, a chargé la plus haute instance judiciaire vénézuélienne de réexaminer le processus électoral.

Les anciens présidents ont également souligné un avant-goût des conclusions du Centre Carter, qui a envoyé une mission technique pour observer le processus, et selon lequel “il n'y a pas de preuves de piratage” dans le système électoral, comme l'ont dénoncé les autorités électorales vénézuéliennes.

En fait, ce centre “a analysé les chiffres disponibles avec d'autres organisations et universités et confirme Edmundo González Urrutia comme vainqueur”, ont noté les anciens présidents, qui ont rappelé qu'un rapport de l'OEA a abouti à la même conclusion.

À partir de la gauche, l'ancien président du gouvernement espagnol, José María Aznar, l'ancien président colombien Andrés Pastrana, et l'ancien président équatorien Osvaldo Hurtado (EFE/Giorgio Viera)

En ce moment, il est “obligation juridique” de la communauté internationale de faire valoir “le principe de la sécurité démocratique”, ont ajouté les anciens chefs d'État.

La déclaration a été signée par les anciens présidents du Costa Rica Óscar Arias, Carlos Alvarado, Rafael Ángel Calderón, Laura Chinchilla, José María Figueres, Miguel Ángel Rodríguez et Luis Guillermo Solís ; d'Espagne José María Aznar et Mariano Rajoy ; du Mexique Vicente Fox et Felipe Calderón ; de Colombie Iván Duque, Andrés Pastrana et Álvaro Uribe ; et d'Argentine Mauricio Macri.

Elle est également signée par les anciens dirigeants Mario Abdo Benítez, Federico Franco et Juan Carlos Wasmosy (Paraguay) ; Nicolás Ardito, Mireya Moscoso et Ernesto Pérez Valladares (Panama) ; Alfredo Cristiani (El Salvador) ; Eduardo Frei (Chili) ; Osvaldo Hurtado, Guillermo Lasso, Jamil Mahuad et Lenin Moreno (Équateur) ; Hipólito Mejía (République dominicaine), Julio María Sanguinetti et Luis Alberto Lacalle (Uruguay), et Carlos Mesa et Jorge Tuto Quiroga (Bolivie).

(Avec des informations d'EFE)