Gustavo Petro fête deux ans en tant que président en cherchant à résoudre la crise post-électorale au Venezuela.

Publié le 07.08.2024
Les analystes critiquent la mise en œuvre insuffisante des bonnes intentions de Petro au Venezuela - crédit Ariana Cubillos/AP

Gustavo Petro fête deux ans au pouvoir tout en maintenant une relation complexe avec Nicolás Maduro, son homologue vénézuélien. La gestion de Petro, qui a atteint son équateur le mercredi 7 août, a cherché à se positionner comme un leader dans la résolution de la crise postélectorale vénézuélienne aux côtés du Brésil et du Mexique.

Depuis son arrivée à la présidence, Petro a souligné l'importance d'un dialogue pacifique et a bénéficié du soutien tacite des États-Unis dans ces tentatives de médiation.

Nicolás Maduro s'est proclamé vainqueur lors des élections présidentielles du 28 juillet, face à son adversaire, Edmundo González, sans présenter de preuves convaincantes de sa victoire. Cet événement a transformé ce qui était considéré comme un succès diplomatique précoce de Petro en une crise postélectorale majeure avec des accusations de fraude.

“Il faut construire un chemin commun et pacifique”, a déclaré Petro sur ses réseaux sociaux, soulignant la nécessité d'une sortie dialoguée à la crise dans le pays voisin.

Gustavo Petro a souligné l'importance d'un dialogue pacifique dans la crise vénézuélienne postélectorale - crédit Maxwell Briceno/Reuters

Depuis le début des tensions électorales au Venezuela, le président Petro a montré une attitude de relative modération dans ses déclarations publiques, surtout par rapport à sa posture ouverte et critique face aux situations politiques dans d'autres pays comme le Pérou et le Guatemala.

Cependant, Petro a insisté sur l'importance d'un “scrutin transparent” qui inclut le comptage des votes et la participation d'observateurs internationaux. De son côté, Luis Gilberto Murillo a également exprimé l'inquiétude du gouvernement colombien concernant l'escalade de la violence qui s'est déchaînée dans le pays voisin après les élections présidentielles.

La frontière entre la Colombie et le Venezuela, qui mesure 2 200 kilomètres de long, a joué un rôle crucial dans les relations entre les deux pays.

La Colombie reste la principale destination de la diaspora vénézuélienne, accueillant environ trois millions de migrants. Malgré les tensions politiques, Petro a promu l'ouverture totale de la frontière et la réactivation des vols commerciaux, y compris le retour d'Avianca à Maiquetía. Cependant, la reprise des échanges commerciaux n'a pas atteint les niveaux attendus.

Petro cherche à consolider sa politique de "paix totale" avec l

Petro cherche à consolider sa proposition de “paix totale” par le dialogue avec tous les groupes armés, y compris les dissidences des Farc et de l'ELN, avec Caracas comme siège et garant des négociations. Néanmoins, ces avancées sont menacées par la situation tumultueuse au Venezuela, l'opposition accusant de fraude lors des élections et présentant des preuves qui indiqueraient une large victoire de González sur Maduro.

Mariano de Alba, analyste et avocat spécialisé en relations internationales, a soutenu que, bien que les intentions de Petro soient bonnes, leur mise en œuvre a été insuffisante. “Le rétablissement des relations était l'option logique et nécessaire, mais Petro n'a pas réussi à convaincre le gouvernement vénézuélien”, a indiqué de Alba dans une interview avec El País d'Espagne. Selon lui, un accord de garanties pour le perdant des élections aurait été fondamental et est maintenant dans l'incertitude.

Les analystes critiquent la mise en œuvre insuffisante des bonnes intentions de Petro au Venezuela - crédit Rayner Peña R/EFE

Ronal Rodríguez, chercheur à l'Observatoire du Venezuela de l'Universidad del Rosario, a indiqué que la Colombie doit maintenir une relation étatique avec le Venezuela, indépendamment du résultat de la crise, soulignant l'importance de protéger les Colombiens sur le territoire vénézuélien.

La collaboration entre la Colombie, le Mexique et le Brésil vise une médiation qui évite le déclenchement d'un conflit majeur dans la région, qui, selon de Alba, pourrait déclencher une crise migratoire et politique d'envergure.

Cependant, si le Conseil national électoral du Venezuela ne décompose pas les procès-verbaux électoraux comme l'exigent ces pays, la faible capacité d'influence internationale sera confirmée. Sur le plan diplomatique, cela représente un labyrinthe pour l'administration Petro, qui souhaite consolider son leadership international tout en subissant des critiques tant de l'opposition que de certains secteurs de son propre pays pour ne pas condamner plus fermement le régime de Maduro.

La réponse internationale et la prochaine étape de Maduro seront déterminantes pour la stabilité régionale et l'image même de Petro en tant que médiateur international. La situation reste tendue, et la communauté internationale observe avec attention les mouvements de la Colombie et de ses alliés face à la crise vénézuélienne.