Le régime du Venezuela a interdit la défense privée et accuse de terrorisme les détenus lors des manifestations contre la fraude de Maduro.

Publié le 02.08.2024
Denuncia de restrictions à la défense privée et au contact avec les familles pour les détenus lors des manifestations au Venezuela (EFE/ Ronald Peña R)

Des membres de familles de détenus lors des manifestations au Venezuela et plusieurs ONG ont dénoncé ce jeudi que l'État empêche l'accès à une défense privée et au contact avec leurs proches, après avoir été arrêtés alors qu'ils manifestaient contre le résultat des élections présidentielles annoncé par le Conseil National Électoral (CNE), qui a déclaré Nicolás Maduro vainqueur.

L'institution électorale a accordé la victoire au dictateur caribéen avec un écart de 704.114 voix sur Edmundo González Urrutia, candidat de la plus grande coalition d'opposition, alors qu'il restait plus de deux millions de voix à compter, dont le destinataire ou les destinataires sont encore inconnus cinq jours plus tard, et avec le système de comptage soumis à une “attaque cybernétique”, selon l'institution chaviste.

À l'extérieur d'un centre pénitentiaire à l'est de la ville de Caracas, où des membres de familles et de diverses organisations se sont réunis, la coordinatrice juridique de l'ONG Foro Penal, Stefania Migliorini, a affirmé que certains capturés étaient présentés “devant des tribunaux de terrorisme” sans accès à une défense par des avocats privés.

Elle a également mentionné que le Foro Penal a enregistré “plus de 250 personnes détenues”, âgées de 15 à 65 ans, bien que le chiffre puisse être plus élevé, car les organisations ont reçu environ “672 signalements de dénonciations de familles” depuis le lundi précédent jusqu'à la matinée de ce jeudi.

Selon Migliorini, environ “75 personnes” ont été transférées ce mercredi à la prison Yare III, dans l'État de Miranda (centre), bien qu'il existe des rapports de transferts vers d'autres pénitentiaires qui n'ont pas pu être confirmés.

La coordinatrice juridique de l'ONG Foro Penal, Stefania Migliorini, a déclaré que certains capturés étaient présentés “devant des tribunaux de terrorisme” (REUTERS/Leonardo Fernández Viloria)

Plusieurs membres des familles des arrêtés ont refusé de faire des déclarations “pour la sécurité” des détenus, “par crainte” qu'ils soient “recherchés à la maison” et parce qu'ils “ont interdit de donner des informations”.

D'autres, sous condition d'anonymat, ont déclaré que leurs proches avaient été capturés lorsqu'ils étaient chez eux, “en train de marcher” ou “de revenir du travail”, alors qu'une partie confirme qu'ils ont été arrêtés alors qu'ils participaient aux manifestations.

Pour sa part, le codirecteur d'Accès à la Justice, Ali Daniels, a dénoncé qu'ils n'ont pas été autorisés à recevoir des visites et que, “le plus grave”, c'est que “dans de nombreux cas, plus de 48 heures ont déjà été dépassées pour leur présentation devant un juge”, comme le stipule la loi.

Nous exigeons des autorités le respect des garanties constitutionnelles et des droits de l'homme”, a déclaré Daniels.

Il a également dénoncé que les détenus reçoivent des “accusations génériques” et “non individualisées”, un “modèle” qui s'est déjà “produit” lors des manifestations de 2014 et 2017.

“À tous les détenus, on impute les mêmes délits, qui sont trahison à la patrie, incitation à la haine, association pour commettre des délits et (...) obstruction des voies publiques”, a mentionné l'activiste.

Ce mercredi, Maduro a informé que plus de 1.200 personnes ont été arrêtées, un chiffre qui dépasse les informations précédentes fournies par le parquet, qui a fixé les détentions à 1.062.

Maduro a informé que plus de 1.200 personnes ont été arrêtées, un chiffre qui dépasse les informations précédentes fournies par le parquet, qui a fixé les détentions à 1.062 (EFE/ Ronald Peña)

Prisons de haute sécurité

Nicolás Maduro a promis ce jeudi d'accroître la répression contre la dissidence et a dévoilé ses prochaines actions, malgré les multiples dénonciations d'abus de force de la part des commandos de sécurité chavistes.

“Les ‘guarimberos’, ces criminels, nous avons plus de 1.200 capturés et nous en cherchons 1.000 de plus. Nous allons les attraper, nous allons tous les attraper, et il n'y aura pas de pardon cette fois-ci. Avec mon coeur d'homme de paix et chrétien, je vous dis : cette fois-ci, il n'y aura pas de pardon”, a affirmé le chaviste, dans une tentative de justifier les arrestations que ses officiers réalisent chaque jour à travers le pays.

(Avec des informations d'EFE)