Les proches des mineurs détenus de manière arbitraire au Venezuela ont exigé leur libération : “Ce ne sont pas des terroristes.”

Publié le 14.09.2024
Les proches des mineurs détenus arbitrairement au Venezuela exigent leur libération : « Ce ne sont pas des terroristes »

Devant un commissariat à Caracas, les familles de huit adolescents arrêtés dans le cadre des manifestations post-électorales ont exigé leur libération ce vendredi, en arguant que ces jeunes ne sont pas des « terroristes ».

Les manifestations, déclenchées par la fraude électorale perpétrée par Nicolás Maduro le 28 juillet dernier, ont fait un bilan de 27 morts et plus de 2 400 personnes arrêtées.

Parmi les arrêtés, plus d'une centaine de mineurs ont été privés de leur liberté, dont 85 ont été relâchés. Cependant, au moins 30 adolescents restent incarcérés, faisant face à des accusations de terrorisme, selon des rapports de l'ONG Foro Penal.

« Nous voulons la liberté de nos enfants, car nos enfants ne sont pas des terroristes », a exigé Tania Urbina, mère de l'un des mineurs arrêtés, Miguel Alejandro Urbina, âgé de 16 ans.

La manucure de 32 ans a affirmé que le régime chaviste n'a pas fourni d'informations sur l'état légal de son fils. Bien qu'elle ait pu lui rendre visite et affirme qu'il est en bonne santé physique, elle dénonce qu'il est faussement accusé d'actes terroristes.

La situation d'un autre jeune homme arrêté, Diosmer Mejías, est encore plus préoccupante. Selon sa sœur, Dionexis García, l'adolescent a une balle en caoutchouc enchâssée dans le dos et n'a pas reçu de soins médicaux adéquats, bien que les autorités aient demandé des médicaments.

Plus d'une centaine d'adolescents ont été arrêtés par la dictature de Nicolás Maduro lors des manifestations contre la fraude électorale du 28 juillet (EFE/ Ronald Peña)

La dictature de Nicolás Maduro a justifié ces arrestations comme une réponse supposée à une tentative de coup d'État. Néanmoins, des organisations de droits de l'homme ont qualifié ces détentions d'arbitraires et ont dénoncé des violations graves des droits des mineurs.

Après la fraude électorale du chavisme, des figures du régime lui-même ont demandé à leurs partisans de dénoncer les manifestants, les qualifiant de « guarimberos », un terme péjoratif utilisé par la dictature pour désigner ceux qui bloquent des routes en signe de protestation.

La opposition vénézuélienne a catégoriquement rejeté les résultats électoraux, affirmant que son candidat, Edmundo González Urrutia, qui est en exil en Espagne, était le véritable gagnant des élections.

À ce jour, le Conseil National Électoral (CNE) n'a pas publié de dépouillement détaillé des votes, alléguant une cyberattaque massive contre son système informatique. Ce silence a alimenté la méfiance concernant la transparence du processus électoral et a généré une vague de protestations croissantes, en particulier parmi les plus jeunes, qui demandent un changement de cap au Venezuela.

La Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH) a émis ce jeudi un fort communiqué condamnant les détentions de mineurs au Venezuela.

Au moins 30 adolescents restent encore derrière les barreaux et font face à des accusations de « terrorisme » (EFE/ Manuel Díaz)

Dans son communiqué, la CIDH a souligné que ces jeunes ont été privés de leur présomption d'innocence et que leurs garanties judiciaires fondamentales ont été violées. La commission a dénoncé que les mineurs ont été accusés de « terrorisme » et sont soumis à des conditions d'incarcération inadéquates, partageant des cellules avec des adultes et sans séparation par sexe dans de nombreux cas.

L'organisme international a alerté sur plusieurs cas de mauvais traitements. En particulier, il a souligné la situation d'une adolescente enceinte, qui, selon le rapport, a été victime de violence de genre pendant son arrestation.

« Des agents lui ont insinué qu'ils l'obligeraient à avorter pour ne pas avoir d'enfants terroristes. De plus, elle a été forcée de faire des exercices physiques et à adopter des positions inconfortables et humiliantes », a dénoncé la CIDH. Un autre cas grave est celui d'un mineur autiste qui reste détenu sans accès à sa famille ni à des soins médicaux adéquats. De plus, un enfant qui aurait été agressé lors de son arrestation souffre maintenant de paralysie faciale à cause des coups reçus.

La CIDH a également souligné la persécution politique au Venezuela et ses impacts directs sur les mineurs qui participent aux manifestations. L'organisme a indiqué que l'État vénézuélien a l'obligation de protéger ces jeunes, garantissant leur droit de manifester pacifiquement. En outre, il a souligné la nécessité d'une séparation adéquate dans les centres de détention par âge et par sexe, et de fournir des conditions qui respectent la dignité et les droits humains.

La Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH) a condamné les détentions de mineurs au Venezuela (EFE/Lenin Ocampo)

Enfin, la CIDH a lancé un appel urgent à la dictature vénézuélienne pour qu'elle prenne des mesures immédiates visant à rétablir l'ordre démocratique et s'engage à protéger les droits humains des détenus.

La Commission a réitéré l'interdiction absolue de toute forme de traitement cruel, inhumain ou dégradant dans quelque circonstance que ce soit, en incitant le régime à garantir un accès adéquat aux services de santé pour les mineurs sous sa garde.

(Avec des informations de l'AFP et de l'EFE)