María Corina Machado a parlé d'une possible transition démocratique au Venezuela : “Elle inclut des garanties, des sauf-conduits et des incitations.”

Publié le 09.08.2024
La líder opositora vénézuélienne María Corina Machado (EFE/Henry Chirinos)

Garanties, sauf-conduits et incitations”: c'est l'offre que la leader de l'opposition María Corina Machado met sur la table à Nicolás Maduro pour une “transition négociée” du pouvoir, au milieu de sa dénonciation de fraude et de sa certitude sur la victoire de l'opposition.

Depuis la clandestinité, à laquelle elle est passée depuis la semaine dernière par crainte pour sa vie, Machado a répondu par des notes vocales à un questionnaire envoyé par l'agence de presse AFP à travers son équipe.

La leader de l'opposition parle d'une “négociation pour la transition démocratique”, qui “inclut des garanties, des sauf-conduits et des incitations pour les parties impliquées, dans ce cas le régime qui a été défait lors de cette élection présidentielle”.

Nous sommes déterminés à progresser dans une négociation”, insiste la dirigeante de 56 ans. “Ce sera un processus de transition complexe, délicat, dans lequel nous allons unir toute la nation”.

Photographie du 29 juillet 2024 d'Edmudo González Urrutia et María Corina Machado (EFE/Henry Chirinos)

Le Conseil National Électoral (CNE), accusé d'avoir une ligne pro-gouvernementale, a proclamé Maduro vainqueur avec 52% des votes, bien qu'il n'ait pas publié les détails du scrutin en alléguant que son système a été piraté.

L'opposition assure que son candidat, Edmundo González Urrutia, a remporté l'élection avec 67% des voix et présente comme preuve un site web avec des copies de plus de 80% des procès-verbaux scannés.

Le chavisme le dénonce et affirme qu'il est falsifié. Le président a demandé à la cour suprême de “certifier” les élections, un processus que l'opposition et les universitaires considèrent comme inapproprié.

Maduro a complètement, absolument perdu la légitimité”, insiste Machado. “Tous les Vénézuéliens et le monde savent qu'Edmundo González a gagné de manière écrasante et que Maduro tente d'imposer la plus grande fraude de l'histoire de ce pays. Mais il n'y réussira pas”.

“Je me sens profondément fière de ce que nous avons fait, de ce que la société vénézuélienne a fait, en surmontant tous les obstacles lors de l'élection la plus inégale et arbitraire en ce qui concerne les abus et les atteintes du régime”, ajoute-t-elle.

“Souveraineté populaire”

Machado a pris la tête de l'opposition majoritaire lorsqu'en octobre dernier elle a remporté les primaires pour affronter Maduro.

Mais une inhabilité politique l'a empêchée de participer. González Urrutia, un diplomate de 74 ans inconnu jusqu'à ce moment, a été inscrit in extremis parmi des obstacles à d'autres options. “Nous sommes une équipe, un bloc indissoluble”, soutient Machado, qui a été le cerveau, le visage de la campagne d'opposition.

González Urrutia n'est pas apparu en public depuis plus d'une semaine, mais il n'a pas déclaré s'il est en clandestinité. “Il travaille très dur chaque minute du jour pour obtenir plus de soutiens et avancer dans les processus à l'intérieur et à l'extérieur du pays nécessaires pour faire valoir son élection en tant que président”, assure Machado.

La réélection de Maduro a été remise en question par les États-Unis, l'Union européenne et plusieurs pays d'Amérique latine. Le Brésil, la Colombie et le Mexique, avec des gouvernements de gauche et qui poussent à un accord entre les parties, insistent sur la nécessité de publier un scrutin détaillé.

María Corina Machado lors d'un acte avec des sympathisants (REUTERS/Maxwell Briceno)

Les forces internationales sont co-responsables de ce qui se passe au Venezuela”, indique Machado. “C'est le moment pour tous les gouvernements du monde d'élever leur voix contre la répression et de reconnaître la victoire d'Edmundo González le dimanche 28 juillet, tout en faisant comprendre à Maduro que sa meilleure option est une transition négociée”.

Après l'annonce du résultat, des manifestations ont éclaté, entraînant au moins 24 morts, selon des organisations de défense des droits de l'homme, et plus de 2.200 arrestations, d'après Maduro lui-même, qui a préparé deux prisons de haute sécurité pour les enfermer.

Tous les Vénézuéliens avons craint pour notre liberté et pour nos vies, tous”, confie-t-elle. “Et je suis indignée par cette réaction brutale du régime, mais je suis aussi sereine et sûre que nous allons faire valoir la souveraineté populaire et que la vérité prévaudra”.

Elle dénonce également la déclaration de “loyauté absolue” à Maduro de la haute hiérarchie militaire, en assurant que de nombreux militaires chargés de la sécurité des bureaux de vote ont soutenu la collecte des actes pour son site web.

“À Maduro, il ne lui reste plus qu'à se retrancher autour de la génération de violence et de peur, d'une part, et d'un groupe très réduit de militaires de haut rang qui ne représentent pas l'aspiration de l'immense majorité de nos Forces Armées Nationales”, affirme-t-elle.

Je suis absolument convaincue que l'immense majorité des citoyens militaires, tout comme des corps policiers, aspirent à un changement vers un Venezuela où il existe justice, opportunités et liberté”, insiste-t-elle.

Le 10 janvier (2025, jour de l'investiture), le Venezuela aura en Edmundo González Urrutia son nouveau président et son nouveau commandant en chef”, assure-t-elle.

(AFP)