L'Union européenne ne reconnaît pas la "légitimité démocratique" de Nicolás Maduro, a déclaré Josep Borrell.

Publié le 14.09.2024
Nicolás Maduro (EFE/ Miguel Gutiérrez)

L'espagnol Josep Borrell, haut représentant pour la Politique Étrangère de l'Union Européenne (UE), a déclaré ce vendredi que l'UE ne reconnaît pas la "légitimité démocratique" du régime de Nicolás Maduro au Venezuela, arguant que le Vénézuélien a gagné les élections sans le prouver.

Lors d'une conférence de presse à Madrid, Borrell a expliqué que l'UE n'a pas le pouvoir de reconnaître des gouvernements ni des États, car cette prérogative appartient aux États membres. Cependant, il a souligné que l'UE peut évaluer la légitimité démocratique de ceux qui exercent le pouvoir, en mettant en avant le contrôle territorial et des institutions clés comme l'armée et la police.

L'espagnol a souligné qu'avant et après les dernières élections, la situation de contrôle au Venezuela reste entre les mains de Maduro. Malgré ce contrôle, il a ajouté que Maduro ne peut revendiquer une légitimité démocratique concernant le pouvoir qu'il exerce.

Ces déclarations de Borrell ont été en réponse à la proposition du Groupe du Parti Populaire Européen (PPE) au Parlement Européen, qui a exhorté les États membres à reconnaître l'opposant Edmundo González Urrutia comme président "légitime et démocratiquement élu" du Venezuela.

Photographie de fichier du haut représentant de l'Union Européenne pour les Affaires Étrangères, Josep Borrell (EFE/EPA/RONALD WITTEK)

Il reconnaît également María Corina Machado comme leader des forces démocratiques au Venezuela, car elle "a été élue lors des primaires de la Plateforme Unitaire en 2023 avec 92,35 % des voix".

Le PPE a également proposé de faire tout ce qui est possible pour que González Urrutia prenne la présidence le 10 janvier 2025. Cette initiative sera présentée sous forme de résolution que le Parlement Européen discutera mardi et votera ce jeudi.

Le groupe présidé par l'allemand Manfred Weber demande également dans une proposition de résolution sur le Venezuela, enregistrée aujourd'hui, à "l'UE et à ses États membres de demander un mandat d'arrêt international contre Nicolás Maduro pour crimes contre l'humanité en raison de toutes les graves violations des droits de l'homme qu'il a commises".

La proposition condamne "dans les termes les plus énergétiques possibles les meurtres, harcèlements, violations et détentions contre l'opposition démocratique au régime et le peuple vénézuélien; elle exige la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes détenues politiquement et arbitrairement, en particulier les mineurs".

Edmundo González et le président du Gouvernement espagnol, Pedro Sánchez (Europa Press)

Aussi, la résolution demande des sanctions spécifiques dirigées contre Maduro, son entourage proche et tous les responsables de violations des droits de l'homme au Venezuela.

Borrell a affirmé que ce type de reconnaissance peut avoir une valeur symbolique mais ne change pas la réalité sur le terrain.

Le chef de la diplomatie européenne a évité de commenter les récentes déclarations de la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, qui a qualifié le régime de Maduro de "dictature" et a critiqué les "limitations des droits fondamentaux" auxquelles est confrontée l'opposition antichaviste.

De plus, Borrell a indiqué que les élections présidentielles vénézuéliennes du 28 juillet dernier ont démontré que la qualité démocratique du Venezuela ne s'est pas améliorée.

Interrogé sur la possibilité de se rencontrer avec Edmundo González Urrutia, exilé à Madrid depuis dimanche dernier, Borrell a mentionné qu'il est ouvert à le rencontrer et a rappelé qu'il était en contact avec l'opposant avant son départ du Venezuela. Il a également informé qu'ils ont invité González à participer au Conseil des Affaires Étrangères de l'Union Européenne, mais n'a pas donné de détails sur la réponse de González ni sur la date de la possible rencontre.

Borrell a conclu en soulignant la nécessité de maintenir le dialogue avec González et avec l'opposition encore présente au Venezuela. Il a souligné que ces acteurs ont besoin du soutien international pour faire face à la "dynamique répressive" du gouvernement de Maduro, dont on ne peut sortir que par la "pression internationale", en particulier celle que peuvent exercer les pays latino-américains les plus proches.

(Avec des informations d'EFE)